Cette version du roman de Victor Hugo est sortie en salles en deux parties, 1947 et 1948, pour une durée totale de trois heures. La précision a son importance, car le montage français avait coupé plus de 40 minutes : le blu-ray sorti en Octobre 2020 nous permet de voir la version originale italienne.


Les misérables est une histoire universelle, sortie dans plusieurs langues, donc il est pas surprenant de voir que l'Italie a eu sa propre version, avec Gino Cervi dans le rôle de Jean Valjean. La lecture du roman étant lointaine, je ne peux préciser les différences, mais il me semble que le rôle des Thénardier est un peu atténué, ou que l'introduction balaie en moins de dix minutes le passage de l'incarcération de Valjean, envoyé au bagne parce qu'il volait un peu de pain. L'aspect religieux est peut-être plus prononcé.
Mais ce qui saute aux yeux, c'est le manque de moyens en général, où le film a l'air d'avoir été tourné en studio, y compris les scènes de révolution sur Paris et les gros plans sur les acteurs sont permanents, y compris durant les dialogues. Le scénario reprend les noms et lieux à la lettre du roman, ce qui parait toujours bizarre pour nous autres français.


Mais pour autant, il s'agit d'une très bonne version, essentiellement grâce à Gino Cervi, qui est un Valjean crédible, et dont l'apparence lui donne un air tourmenté, dont il cherchera toute sa vie une forme de rédemption en voulant faire le bien. Mais il reste pourchassé par le commissaire Javert, joué par Hans Hinrich, qui a l'air de sortir d'un film de la Hammer avant l'heure. Quant à Valentina Cortese, elle joue deux rôles ; à la fois celui de Fantine, mais également Cosette à l'adolescence.
Malgré son manque de moyens, on sent que Riccardo Freda a voulu mettre le paquet sur la scène de la révolution lors de la deuxième partie, avec des gens qui se font renverser par des tonneaux, ou la présence fugitive d'un jeune Marcello Mastroianni en figurant, mais là aussi, le choix est bizarre de montrer quasiment Gavroche comme une silhouette, dont le sacrifice va être perçu comme un acte divin. Il est également beaucoup de religion dans le film, avec de nombreux symboles de croix, y compris dans les fenêtres, peut-être est-ce appuyé un peu trop lourdement que toute cette histoire est celle d'une rédemption, d'un homme qui va devoir porter sa croix toute sa vie.


Bien que la version de Raymond Bernard de 1934 soit intouchable, Riccardo Freda en propose une très bonne alternative, italienne dans la représentation sous-jacente du sacrifice de soi, mais avec un Gino Cervi épatant. Dire qu'il sera Peponne dans la saga de Don Camillo...

Boubakar
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le 4 nov. 2020

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