Histoire antipathique et cruelle, mais film plutôt beau et prenant

L'histoire, je vais essayer de la spolier aussi peu que possible, afin de préserver au maximum cette espèce de tension qui court tout au long du film.
Les Moissonneurs est le premier long métrage d'Etienne Kallos, cinéaste d'Afrique du Sud, qui en a également écrit le scénario. Le film m'a, à la fois, agacé (car j'ai trouvé l'histoire cruelle et injuste) et intéressé, car jusqu'au bout, je me suis demandé comment tout cela allait finir. Bien sûr, l'histoire est complètement fictive, mais j'ai quand même été heurté, remué par certaines des péripéties et surtout par le dénouement que j'ai trouvé aussi injuste qu'immoral. Mais la vie est-elle morale ? L'histoire humaine est-elle morale ? La bible est-elle morale ? Est-ce moral que Caïn, jaloux de son frère, tue le gentil Abel et que, bibliquement, toute la race humaine descende de ce fratricide ?
Et puis... je trouve qu'il y a dans le film une homophobie latente, parfois explicite, qui m'a contrariée, car elle existe suffisamment dans la vie de tous les jours sans la retrouver, en plus, dans le monde de l'art. Je ne dis pas qu'elle est partagée par Etienne Kallos, j'espère que non, mais il en fait un ressort majeur (et vil) de son scénario.


Sinon, le film est visuellement intéressant : belles images, belle lumière avec du grain, beaux paysages nimbés dans une brume de chaleur (?). La bande sonore manque probablement de personnalité mais ajoute au climat de tension qui règne pendant tout le déroulement de l'histoire : on attend des catastrophes, on est en permanence sur le qui-vive. Il faut dire qu'on est en Afrique du Sud (après l'Apartheid), dans la province du Free State, au sein d'une communauté blanche de propriétaires terriens afrikaners qui a tendance à rétrécir, car dans la région, les assassinats de fermiers ne sont pas rares, d'où que toutes les fermes aient d'épais barreaux à leurs fenêtres et un sentiment d'assiègement chez ces Africains blancs accrochés à leurs terres.
On est introduit dans une famille de fermiers (homme, femme, un garçon de 15-16 ans Janno et 3 petites filles) qui adopte un nouveau fils Pieter d'à peu près le même âge que Janno...


afin, on le comprend petit à petit, de disposer avec certitude d'un héritier mâle suffisamment fort pour prendre la relève.


Le film raconte les soubresauts provoqués au sein de la famille par cette adoption. Je ne vous en dis pas plus.
Les deux jeunes acteurs personnifiant Janno et Pieter sont très bien, très complémentaires, très opposés, et c'est sur eux que repose le film principalement. Je ne suis pas très sûr que leur physique colle parfaitement au rôle de chacun des deux, et même je pense plutôt le contraire, mais le duo fonctionne. On s'attache à leur histoire, on se passionne pour ce sourd et douteux combat. Je répète que je n'ai pas aimé le dénouement. Je l'ai trouvé injuste et cruel, mais... ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Là-bas en Afrique du Sud et... ici.


Quoi qu'il en soit, plutôt bon film, qui reste douloureusement en mémoire (un peu comme le Faute d'amour de Zvyagintsev).

Fleming
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le 24 févr. 2019

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