Sortie de route

Quel journaliste, entre les fêtes, les projections à 8h du matin et un rythme de 3 à 4 films d’auteur pointilleux par jour n’a pas frôlé la limite du burn-out ? En 2014 le pétage de câble a été servi sur un plateau à tous les festivaliers cannois intrigués d’assister à la projection de la seule réelle comédie en compétition. Les Nouveaux sauvages fait la part belle à toutes ses gouttes faisant déborder le vase de nos petits agacements quotidiens. Le doigt d’honneur d’un automobiliste ou le retrait injuste d’une voiture mal stationnée, et la folie nous guette. En sept sketchs, Damián Szifron entend rendre hommage aux nouveaux sauvages que notre société si pointilleuse a fait germer en nous.

La folie, qui semble être le moteur de cette comédie ''décalée'', n’a pas voulu être canalisée par le réalisateur, s’évertuant à aller toujours plus loin dans la bêtise. C’est parfois drôle (l’avion, le mariage), souvent vulgaire (les automobilistes) mais jamais dans la finesse. Seul le sketch de Ricardo Darín, le meilleur, esquissait le portrait d’une société malade de ses trop nombreuses réglementations. Malheureusement le guignolesque a pris le pas sur la condamnation. Dans son ensemble le film se veut tellement barré qu'il en oublie d'être intéressant de quelque manière que ce soit. L'humour trop lourdingue des Nouveaux Sauvages rend impossible toute considération esthétique ou de mise en scène, pourtant intéressantes.


Si pour le festival cette parenthèse faisait l’effet d’un bol d’air pour certains, d’autres cinéphiles ont dû frôler la crise d’hystérie de voir un film aussi grossier au milieu de la finesse de Winter Sleep ou de Timbuktu. Le pétage de plombs, c'est aussi l'affaire des programmateurs cannois, victimes d'une inégalité géographique en compétition.