Telenovela + clip de Rihanna, réalisé par un mec qui prendrait de la MDMA pour la première fois.

Des brésiliens vont à une grande rave party sur la plage. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils se défoncent. La nana fait du « ons », le mec va à Amsterdam pour un traffic d’extas, ils se rencontrent, enfin se re-rencontrent, mais lui ne se souvient pas d’elle, et tombent amoureux - mais ça c’est deux ans plus tard. Loin d’être un « L’année dernière à Marienbad » version techno, ces paradis artificiels auront au moins le mérite d’avoir une jolie photographie, de fait artificielle mais léchée, et une bande-son assez réussie (même si, pour un film sur ce milieu là, on aurait pu s’attendre à un niveau au-dessus).

Ca, c’est les bons points. Car le reste laisse circonspect. L’intrigue abuse jusqu’à épuisement des pires clichés imaginables (le coup de l’overdose fatale, du vieux sage et son peyotl révélateur, de la culpabilité d’un fils qui cherche à se racheter auprès de sa famille, etcetera etcetera ), et, alors que le réalisateur semble quand même croire à un potentiel suspens en éclatant sa narration en une succession de flash-backs/flash-forwards lourdingues, on se met à comprendre où le film semble vouloir en venir bien avant d’en être là, et on se demande « IL A PAS OSÉ QUAND MEME ? ».

Mais si, putain, il a osé. Il a osé ces ficelles scénaristiques dignes des instants les plus douteux de Plus belle la vie. Et là où on pouvait espérer un pendant sud-américain à Requiem for a dream, on se retrouve avec un mélo techno discount , et ce en débit de son emballage tape-à-l’œil. Alors oui, leurs teufs ont l’air chouettes, mais l’ensemble semble profondément factice : des scènes de défonce pleines d’une pseudo-poésie de la perdition synthétique, des scènes de baise idéalisées et forcement ralenties et des gens qui pleurent sur leurs regrets (souvent en regardant des objets qui leur rappellent untel – et bam le flash-back, hé oui !). En sus, Marcos Prado semble vouloir émettre un point de vue personnel sur le sujet (l’homme serait-il engagé ?), point de vue qui nous échappe totalement, car c’est bien beau de montrer qu’en se laissant aller à des jouissances chimiques, on tombe en cloque, nos proches meurent et on se retrouve en prison, mais alors pourquoi vouloir à tout prix esthétiser le délire à outrance ? Par amour de la musique ? Pour montrer que d’un moment de bonheur absolu peut découler l’enfer (brrrr…) ? A l’image de ces meufs qui savent qu’en mangeant du gâteau, « elles l’auront encore sur les hanches quinze ans plus tard » ? Il n’y avait qu’à cuisiner un gâteau allégé dans ce cas, car là la fête se transforme en very bad trip.

Un bon clip, un mauvais film.
oswaldwittower
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le 21 mai 2013

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