Les Libres Fleurs Printanières

Une fantaisie transgressive qui invite à se libérer des carcans et pousse le bouchon jusqu'à assimiler les coups d'éclats de deux jeunes tchèques à des bombes nucléaires lâchées dans la mare du conformisme bourgeois. Une saturation de sons et de couleurs dadaïstes au service d'un cinéma d'avant-garde qui se réclame autant du psychédélisme post-68 que d'un univers Warhollien dont le pop-art serait remplacé par un surréalisme abstrait. La bouffe comme matière organique dont le gavage savamment organisé par les deux intrépides ingénues obstrueraient le plaisir charnel par un désir nihiliste d'un entre-soi contestataire envers la doctrine communiste unifiée. Le spectacle braillard et libidineux d'une décadence que la jeunesse érige en étendard contre la pantomime sociale et dont le futur Printemps de Prague viendra affirmer une soif de liberté intransigeante. Un pied de nez futé au matérialisme ou les héroïnes réfutent la possession pour se délester grivoisement de tout superflu. Des cadenas moraux brisés sur l'autel d'une utopie philanthropique pour mieux faire briller de mille éclats la folie douce ordinaire d'une époque qui ne demande qu'à s'inviter à toutes les tables. Des pommes en guise de fruits défendus que la cousine lointaine D'Adam et son amie Eve croquent jouissivement à pleine dents pour s'interdire de s'interdire. Des vieux messieurs encanaillés qui retrouvent une jeunesse lointaine au contact de la vitalité enfantine et des danseurs empêtrés qui s’emmêlent maladroitement à la vue de ces furies dévergondées. Et un appétit constamment entretenu pour le non-sens burlesque et les afféteries légères. "Les Petites Marguerites" c'est un condensé de tous ces affranchissements et c'est encore bien plus que cela: la définition même du cinéma dans toute sa splendeur!