La Hammer, qu’on se le dise, ce n’est pas que des films d’épouvante légendaires qui ont recyclé avec talent le catalogue de la Universal. La Hammer, c’était aussi une petite maison de production qui s’est essayé à de nombreux genres dans un esprit d’exploitation que renieraient pas les Italiens. En tête des autres genres produits par la firme anglaise, le film d’aventures figure tout en haut du podium. Robin des Bois, pirates, explorateurs de mondes étranges ont ainsi souvent été à l’honneur. Avec ces Pirates du Diable, l’équipe aux manettes est solide. Jimmy Sangster (les Dracula et les Frankenstein notamment) à l’écriture, Don Sharp derrière la caméra et Christopher Lee en vedette assurent l’essentiel.
Le résultat, s’il n’a rien de transcendant, est très honnête et assure un sympathique divertissement. Plus qu’un film de pirates, le film est davantage un jeu de dupes où un bateau espagnol, lourdement touché dans des combats menés contre la flotte anglaise, dérive jusqu’à un petit village côtier pour faire croire aux habitants qu’ils ont remporté la guerre. En méchant capitaine, Christopher Lee est d’un délicieux sadisme tandis que les vaillants habitants décidés à lutter contre l’envahisseur attirent une véritable sympathie. Jouant sur de solides décors et d’éclatantes couleurs, Don Sharp construit une pellicule colorée et dynamique qui rappelle le lustre des œuvres gothiques de l’équipe anglaise.
S’il n’est pas riche en action, l’ensemble multiplie les jeux de dupes et les portraits hauts en couleurs de ses personnages. Les amateurs de films de pirates pourront être déçus car on n’y trouve pas de scènes en mer, l’essentiel se déroulant dans un petit village typique anglais. On y trouve, en revanche, de belles scènes de duels à l’épée, des mutilés, des pendus, une taverne où on boit et où on règle des comptes, des marécages ou encore un joli navire amarré. Une véritable série B qui connaît ses limites et qui fait vraiment le boulot.
6,5