L'univers carcéral in situ : voilà ce que nous propose le film de David Mackenzie, une immersion d'une centaine de minutes dans les tréfonds d'une geôle gangrénée par la violence, la corruption et la barbarie sous toutes leurs formes physiques et morales. Auteur du très mauvais Perfect Sense quelques années plus tôt le réalisateur britannique se livre donc ici à un exercice de style radical et sans compromis esthétiques, collant aux basques de son protagoniste et anti-héros incarné par le brillant Jack O'Connell : un jeune taulard mineur et surclassé répondant au nom d'Eric Love, boule de haine d'une rage telle que les murs de l'institution en payeront le prix fort...


Techniquement réussi, ménageant plutôt intelligemment ses effets et ses révélations Les poings contre les murs est un huis-clos au récit efficace et à la charge descriptive et documentée en demi-teinte, comme en paradoxe constant d'un bout à l'autre du métrage : en effet, si certains aspects du scénario ne sont pas exempts de finesse ni de nuances salutaires d'autres éléments ne manquent pas de nous laisser assez perplexes. Ainsi la surenchère permanente de la violence, pas vraiment cathartique, dévoile ici quelques limites et pèche par défaut de réalisme, tant les déchaînements perpétuels du jeune Eric semblent à chaque fois compris - pour ne pas dire excusés - par le personnel du système carcéral qu'il rejette tout d'un bloc. La brutalité dépeinte demeure trop paroxystique dans son ensemble, bien qu'il reste à nous renseigner sur les recherches et autres documentations de Mackenzie concernant son film...


Malgré les réserves sus-citées cette plongée apnéique en rétention carcérale ne manque pas d'énergie ni de rythme, parvenant curieusement à "passer tout seul" le temps de son visionnage. Jack O'Connell s'avère quant à lui suffisamment étonnant pour porter toute la charge émotionnelle du drame sur ses épaules ; Certes David Mackenzie ne révolutionne pas le genre ( difficile de passer après Alan Clarke et Alan Parker...) pas il détient le mérite d'avoir accouché d'une oeuvre peu aimable et jusqu'au-boutiste... et c'est là son audace !

stebbins
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le 3 janv. 2024

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