Près de quatre ans après "L'auberge espagnole", nous retrouvons le jeune Xavier qui approche dangereusement de la trentaine et dont la vie est toujours aussi bordélique, d'un point de vue aussi bien professionnel que sentimental, courant après les jobs ingrats et les aventures sans lendemain.

A la légèreté et à la frénésie de la jeunesse insouciante du premier volet, Klapisch répond par une approche un brin plus posée, plus adulte à défaut d'être encore mature, une sorte d'entre-deux bâtard perdu entre la douce folie de nos vingt ans et la sagesse (supposée) de la quarantaine, un stade complexe et un peu effrayant où l'on se rend soudainement compte que nous ne sommes plus des gosses et qu'il nous reste alors tout un avenir à construire.

Toujours aussi aérien dans sa mise en scène et son montage, "Les poupées russes" délaisse quelque peu les couleurs chaudes et la musique muy caliente au profit d'un style plus feutré, plus bobo diront ses détracteurs mais qui conserve un charme indéniable et qui offre même parfois de purs instants de grâce, à l'image de cette superbe séquence avançant au gré de la démarche sensuelle et hypnotique d'une jeune femme.

Vendue hâtivement comme la réunion de l'équipe de "L'auberge espagnole", cette seconde aventure se concentre essentiellement sur Xavier et ses amours, sur sa quête de la femme idéale et inaccessible, sur ses rapports contrariés avec la gent féminine. Un aspect définitivement plus romantique que le précédent (touchante sous-intrigue avec la danseuse), faisant la part belle aux comédiennes, dont on retiendra surtout une Kelly Reilly à tomber par terre.

De plus en plus à l'aise avec son personnage, moins irritant que précédemment mais toujours aussi névrosé et paumé, Romain Duris est impeccable, parfaitement entouré par Cécile de France, Audrey Tautou, Kevin Bishop, Aïssa Maïga ou encore la regrettée Lucy Gordon. Comme je le disais plus haut, les anciens colocataires de Xavier ne font ici qu'une brève apparition lors de la dernière partie, argument marketing un tantinet artificiel.

D'avantage axé sur les déboires amoureux de son personnage principal, "Les poupées russes" est une suite logique tout aussi drôle et attachante que son ainée, peut-être moins immédiatement culte et souffrant d'un certain ventre-mou à mi-parcours mais qui donne furieusement envie de connaître l'avenir de ses protagonistes.

Créée

le 1 mai 2014

Modifiée

le 30 avr. 2014

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Gand-Alf

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