Depuis 3 films maintenant, Bouli Lanners nous fait découvrir son univers par le prisme des relations humaines, ou plutôt par la relation non évidente des rapports humains. Avec les premiers les derniers, son film le plus fort, le plus mélancolique, le plus métaphysique, le plus esthétique, Bouli Lanners signe un portrait cynique mais au combien lyrique de l’espèce humaine. La forme invoque, avec une dimension quasi picturale, le genre du western.


Les compères Cochise* et Guillou, chasseur de primes pour le privé, sont en quelque sorte des cowboys providentiels venus simplement récupérer le précieux portable de leur commanditaire. Ils vont croiser sur leur route toute sorte d’êtres qu’ils soient à la fois mort, vivant, mystique (un cerf) et pourquoi pas « morts vivants » à l’image des ces habitants si désenchantés que l’on nous présente.


Bien évidement rien ne fonctionne comme prévu, les héros vont eux aussi, de parts leur rencontres respectives, trouver une raison valable d’exister.


Le décor, si austère au premier abord devient ensuite une sorte d’Eden où Jesus en personne serait venu guider et aider le peu d’humanité restant sur cette terre : Esther et Willy, couple un peu demeurés, qui établie le lien avec le reste de l’intrigue. Cette même intrigue que le scénario désamorce immédiatement, tant elle est reléguée en second voir même troisième plan, pour laisser remarquablement la place à vraie la thématique du film, la trajectoire humaine.


Chaque personnage y va de sa rencontre pour atteindre une liberté spirituelle, le film pousse vers une dimension Christique dans sa résolution, les personnages changent de cap, le récit les a transformé. Bien évidement cela n’a pas l’air si simple mais pourtant Bouli Lanners réussit à donner du sens en toute simplicité grâce à sa mise en scène.


L’alchimie est parfaite, force esthétique, enjeux dramaturgique, découpage, résolution, étrangeté… et cela même jusqu’aux dialogues…Le rythme du film correspond parfaitement à l’ambiance offerte par les décors, tout y est vide mais en même temps si riche :
L’image en scope capturent avec élégance des paysages vides et morbides qui grâce à leur silence offrent beaucoup plus de sens.


Lanners réussit un sans faute y compris dans l’élaboration de son casting qu’il faut souligner parfait: Albert Dupontel , Bouli Lanners (Gilou), Suzanne Clément (Clara), Michael Lonsdale (Jean-Berchmans), Max Von Sydow (Le croque-mort), David Murcia et Aurore Broutin (Esther et Willy) Philippe Rebbot (Jésus)…


Il faut vite prendre une place dans cette peinture de fin du monde car finalement, les premiers trouveront sans doute une grande part d’obtimisme dans cette histoire au combien moderne!


*Le personnages de Dupontel porte le nom de Cochise, sans doute en référence au chef Apache du même nom, dans Le massacre de fort Apache de John Ford.

Stucy
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le 16 mars 2016

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Stucy

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