François Truffaut nous invite dans ce récit quasi autobiographique qui est aussi sa première réalisation. Emblématique de l’essor de la Nouvelle Vague, l’œuvre raconte l’enfance difficile d’Antoine Doinel, qui vit une véritable descente aux enfers, victime d’une société et de parents très peu soucieux de leurs enfants.
Le film se place dans un contexte de sortie de guerre, à la fin des années 50, dans un Paris rural, mais déjà un peu bobo (oui c’est l’impression que m’a donné le film : je me suis même fait la remarque « on dirait les bobos des années 50 »).
Malgré l’immense réputation du film, je n’ai pas réussi à m’y investir, et je me suis même énormément ennuyé. L’action est lente, l’histoire peine à démarrer, et surtout l’œuvre dans sa globalité a finalement très peu de choses à raconter. Le rythme est laborieux. Les dialogues sont juste passable. Aussi, et ça risque d’énerver ceux qui me liront, je trouve que les séquences sont très mal filmées. Si « Nouvelle Vague » revient à dire que le cadreur s’affranchit de toutes les règles élémentaires de l’audiovisuelle, et ne fait aucun effort pour fournir un travail convenable, alors effectivement il s’agit de l’archétype du genre.
Heureusement, les acteurs sont brillants. Jean-Pierre Léaud qui joue le rôle du jeune garçon est déjà très professionnel. Il livre une performance remarquable, et brille d’autant plus que son petit camarade qui lui donne la réplique n’est pas très bon. Le pauvre garçon se prend parfois quelques baffes un peu trop violentes à mon gout. Claire Maurier et Albert Rémy sont excellents. Le casting est clairement le bon point du film.
Le contexte et l’aura de l’œuvre sont aussi des éléments importants et réussis. Le fait que le film bascule dans l’horreur, que l’enfant entre dans la délinquance, presque malgré lui, et qu’on le découvre impuissant face à sa propre situation, est une mise en abyme effroyable, franchement réussie. Une fois encore le cinéma des années 50 nous apprend que les enfants sont les premières victimes d’une époque qui les a négligés. Dommage que la société ait basculé radicalement vers le pôle inversé en faisant de nos enfants des rois (ce qui se traduit par ce peuple impatient et capricieux qui s’indigne pour le moindre prétexte, mais ceci est un autre sujet…).
J’ai aimé ce constat et cette forme de satyre, mais je n’ai pas apprécié la mise en forme, trop paresseuse, monotone, et lente. Le fond l’emporte sur la forme, mais ne suffit pas à faire oublier les défauts de la production. Je n’ai pas aimé la conclusion qui ne clôture pas l’intrigue (un non-sens absolu pour une production de cinéma selon moi), d’une certaine manière on reste sur notre faim, et je n’ai pas envie de me taper les autres films de Truffaut pour apprendre ce qu'il advient d'Antoine, donc je vais devoir me contenter de ce film qui ne se suffit pas à lui-même. J’aurais qu’à imaginer le futur dans ma tête. Antoine se mari, il a des enfants et il se fait embaucher dans une jardinerie Truffaut… clap de fin.