Yann Gonzales : Speedy va trop vite et bâcle le tout...
Un soir que je me promenais le long des allées d'un Mondial de la Bière plein de surprises, allées déformées par une ivresse triomphale, je tombai sur un ami accompagné d'une petite blonde. Je pus relativiser mon niveau d'ébriété en la présence de cette jeune fille. Cette rencontre d'avant-minuit fut, d'après les quelques souvenirs qu'il m'en reste, culturellement intéressante. Et c'est donc plein d'un enthousiasme naïf et crédule, que je me décidai quelques jours plus tard à télécharger le film Les rencontres d'après-minuit, selon les conseils avisés d'une personne ivre. Et le jour vint où j'eus enfin le courage et l'opportunité de visionner le fruit d'une grande déception...
Première impression sur le film : les acteurs ne semblent pas fantastiques. Ils tombent dans les travers d'un cinéma français usé, trop imprégnés du genre théâtral, se refusant toute intonation naturelle pour ne laisser qu'un amas de dialogues sur- et mal-interprétés. Et puis y a Eric Cantona quoi, merde !
Cette remarque est extensible au scénario du film lui-même, qui, en voulant se faire plus intelligent que la moyenne, nous délivre un ramassis lourdingue de symboles qui nous pousse à devoir surinterpréter le tout mais sans nous poser une quelconque structure préalable. C'est indigeste, comme la tarte choucroute-fayots de mamie. Et peut-être aussi peu subtile au goût. C'est une piquette sur laquelle on aurait mis une étiquette "Saint Emilion" (précision : il est midi lorsque j'écris ma critique...) J'ai le sentiment que Yann Gonzales s'est dit : "je veux faire un chef d'oeuvre !" et qu'il a mis le paquet sans faire attention à ce que le tout soit cohérent, bien orchestré et surtout subtil.
Alors oui, peu de subtilité : on rentre dans les clichés d'une sexualité débridée de toutes parts, avec des "bites", "chattes" et autres "baiser" (contre lesquels je n'ai rien du tout, bien au contraire), qui, loin d'être pleinement assumés pour ce qu'ils sont, s'accouplent avec des réflexions pseudo-métaphysiques. J'ai trouvé le tout un brin trop ridicule. Bon, voir Eric Cantona se faire appeler "l'Etalon", c'est un peu drôle quand même, mais je doute que l'humour soit vraiment la finalité de ce film.
Et justement, je trouve que ce film se prend "légèrement" trop au sérieux et s'enferme dans le ridicule. On mélange le désir sexuel dégoulinant de chacun avec des sentiments transcendants. Niveau sexualité mystique, j'ai vu mieux et plus abouti comme film, mais surtout plus crédible.
Alors pourquoi 5 malgré tout ? C'est que l'univers obscur et onirique est intéressant, il y a une belle amorce d'un monde fantasmé, régi par d'autres codes, mais seulement une amorce. Et il est aussi des moments de grâce visuelle et musicale (parfois gâchés par des dialogues mièvres, comme lors de la scène finale lorsque trois jeunes gens lubriques décident de former une famille). Puis je trouve le principe originel plutôt bon mais relativement mal exploité. C'est bien dommage !
Je pourrais encore m'acharner sur ce film, mais je finirais par me faire à jamais détester. Morale de l'histoire : boire c'est mal ! Désolé Elena !