Avant d'être une série à succès sur Canal + (2012-2015), Les Revenants était un film du réalisateur de 120 battements par minute. Un film un brin froid et au rythme lent, reposant sur les agissements des morts-vivants et de leurs proches essayant de revivre avec eux ; et des réunions de crise avec les personnes valides.
Un monde où les Morts sont conditionnés au bon vouloir des Vivants, comme si ces derniers en faisaient des marionnettes en les plaçant à tel ou tel endroit. Le personnage de Jonathan Zaccaï en est un très bon exemple. Cet ingénieur finit par devenir un ouvrier, car il ne travaille pas comme quelqu'un d'aujourd'hui. Il est dépassé et placé là car les vivants veulent qu'il soit là. Les Morts deviennent des exclus, des personnes que l'on met de côté, tout en étant exploité le plus possible par les Vivants.
Si ici les morts-vivants ne sont pas des êtres avec un corps dégueulasse ou avec des membres en moins (ils réapparaissent dans un état "normal") et que le gore est inexistant, ce dont parle Robin Campillo n'est pas si éloigné du discours de George A Romero dans pas mal de ses films, notamment dans Le Jour des morts-vivants (1985). Le Mort est finalement plus humain que le Vivant et tient à son existence, là où le Vivant ne voit que son propre intérêt. Si Romero avait pour leader Bub (Sherman Howard), Campillo a Zaccaï.
L'autre point majeur du film est de montrer l'impossible reconstruction de personnes retrouvant leur compagnon ou leur enfant. Ils auront beau essayer, l'échec n'en sera que plus cuisant.
A condition d'adhérer à son rythme et à son parti-pris, Les revenants est un film exploitant son concept de manière intéressante et atypique. Il n'y a pas que les zombies dans la vie, il y a les morts qui marchent aussi.