Cool! Un nouveau post nuke issu des années 70... Euh il n'y aurait pas un léger anachronisme quelque part? Boutade mis à part envers nos très compétents traducteurs, qu'en est-il de cet obscure objet de culte, dont la légende a naquit après les diverses interdictions qu'il a rencontrées après sa sortie? Une série b espagnole surestimée et ovationnée pour seule cause de ce parfum de scandale? Ou bien autre chose...Comme une oeuvre fondatrice de tout un penchant du cinéma fantastique?


Certes le thème de l'enfant malfaisant n'est pas une nouveauté à l'époque de sa sortie. Mais son traitement brut de décoffrage et surtout à volonté dénonciatrice, lui est bien à part. Mais contextualisons un peu: Serrador est à l'époque un présentateur espagnol des plus réputés et appréciés par le public quand après plusieurs années de transition le régime franquiste disparaît en 1977. D'où une certaine libération de ton mais au final assez partielle, laissant ainsi les vieux démons continuer à tourmenter l'Espagne jusqu'à nos jours. Et notamment parmi ceux-ci, la révélation diffuse des enlèvements massifs d'enfant durant le régime franquiste... Or en voyant cela et en analysant la composition thématique de l'actuel cinéma fantastique espagnol où continue à planer perpétuellement cet attrait pour l'enfance, ne peut-on y voir une lien?


Cette réflexion donnée, il faut en revenir au long métrage. Ce dernier, à la réalisation typée seventies avec son image assez désuète et ses coupes remarquables (en référence à la superbe moustache gauloise du "héros") peut avant son visionnage prêter sujet à dérision. Mais dès les premiers instants et la diffusion d'images d'archive crues d'enfants plongés dans diverses catastrophes, on ne cause guère. Le ton est donné: si cette justification aux futurs agissements des chers bambins ne vous suffit pas, c'est bien normal. Car le long métrage ne cherche nullement à expliciter rationnellement le comportement des enfants. Comme le démontre une remarquable scène, ceux-ci peuvent très bien jouer et s'entendre parfaitement avec leur mère ; mais l'apparition d'un enfant "possédé" par une pulsion vengeresse et l'échange d'un simple regard suffit à réveiller les tensions enfouies.


Face à cela, suit-on les mésaventures d'un jeune couple dont le comportement vis à vis des enfants est d'emblée marqué par l'incompréhension comme le révèle cette remarque sur leurs difficultés à gérer l'arrivée de leur enfant...alors même qu'ils sont d'ores et déjà parents de deux autres! Cela étant, pas d'angélisme du côté enfant et de diabolisation des parents de l'autre pour autant. Nos deux infortunés protagonistes sont deux ignorants devant faire face à une menace nouvelle et dépassant leur propre entendement. Et donc de prime abord face à laquelle ils réagissent avec "civilité" avant de franchir les barrières de la morale de la société et de se comporter avec bestialité face à ces enfants comme il leur ferait devant quelque gremlins (la comparaison semblant d'ailleurs bien venue face à la montée de la perception de l'enfant moderne comme "enfant roi" ou plutôt "enfant-chieur"). Ces derniers devenant aussi impitoyables que le seraient les adultes en cas de grande catastrophe.


Donc le rejet de ce film est assez compréhensif au final: révélateur d'un trafic dont on devait taire le nom et d'une perception montante de l'enfant comme un être à choyer et non simple support à la subsistance à la vie familiale, il apparu en pleine transition de la société mais également en plein bouleversement moral. De ce fait, quelques décennies plus tard les jeunes cinéastes ibériques le déterrant du trou où il avait été caché s'en inspirèrent comme modèle pour leurs oeuvres, donnant ainsi naissance à un fantastique sans concession et révélateur des profonds troubles connues par la société espagnole au cours de son histoire.

Gharlienon
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le 3 mars 2012

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