Le fils d'un avocat fuit avec la femme d'un notaire, laquelle a cru bon d'emporter le montant de sa dot. Et après tout, peut-on lui donner tort? Dans ce mélodrame des familles, ce n'est pas elle le personnage central: elle est juste la créature, la pécheresse par qui le scandale arrive. Je ne sais pas si le roman d'Henry Bordeaux la présente de cette façon, mais c'est ainsi que le cinéma de Vichy la voit...
Le sujet sert parfaitement la volonté de redressement moral de la période de l'Occupation. Les Roquevillard, par la voix et par l'intégrité de leur chef de famille, l'avocat joué par Charles Vanel, incarne des générations de probité, la famille dans tout ce qu'elle a de respectable et la grande propriété terrienne. C'est très tendance à l'époque. La faute du fils jette le discrédit sur la famille des Roquevillard et elle doit être rachetée.
Le film de Jean Dréville en fait des tonnes concernant concernant l'honneur de la bourgeoisie de province. Le fait divers se transforme volontiers en tire-larmes et en effets de manche puisque qu'il se déroule dans un milieu d'avocat et qu'il sera sanctionné par un procès. Ça se passe aux débuts de la Troisième République, même si on trouve encore des crucifix dans le tribunal et que l'accusation s'en remet au jugement du Seigneur... Peut-être que les crucifix n'avaient pas été décrochés dans les années 1880. Simple anecdote pour situer l'esprit du film. L'adaptation et les personnages en général ne manquent pas de sens mais d'envergure.
Les Roquevillard personnifient les valeurs de la province; un autre point de vue, un autre cinéaste, auraient pu faire d'eux, avec le même sujet, les incarnations des tares de la bourgeoisie provinciale!