Les Simpson - Le film par Jethro Paris

Les Simpson sont assez surpris de se retrouver dans un film ; ils n'arrivent pas à croire que "quelqu'un paierait pour un truc qu'on peut voir gratos à la téloche". Mais je crois que beaucoup de gens l'ont fait. Voici une version longue de ce que le magazine Time a qualifié de "meilleure série télévisée du 20ème siècle". Ca en dit peut-être plus sur le magazine Time et le 20ème siècle que sur les Simpsons, mais peu importe : Le film est drôle, impertinent et intelligent à la manière des Simpsons.

Il y a une intrigue, en quelque sorte, qui implique le rôle d'Homer dans la pollution du lac de Springfield, ce qui attire la colère de la bureaucratie fédérale et entraîne des conséquences désastreuses pour leurs concitoyens. La culpabilité des Simpson est contrebalancée par la pauvre Lisa, idéaliste, qui fait du porte-à-porte pour recueillir des signatures pour sa croisade environnementale, mais qui se fait claquer toutes les portes au nez. Une maison s'est même enfuie.

Cette histoire laisse la place aux politiques qui font la réputation des Simpson, non pas des apartés, mais des critiques. Lorsque les fédéraux réussissent enfin quelque chose dans le film, ils sont aussi surpris que tout le monde.

Pour moi, les trois plus grands moments de rire du film (je ne les dévoilerai pas) sont une publicité pour la chaîne Fox, une séquence de skateboard inspirée d'"Austin Powers" et une façon originale d'aller à la pêche. Ces éléments, ainsi que la vie quotidienne particulière des Simpson, très unis, comblent les lacunes de l'intrigue, de même qu'un voisin dévot qui, au vu de ce qu'Homer dépose dans sa boîte aux lettres, est davantage victime de péché que de péché.

Le film établit une sorte de record en créditant pas moins de 11 scénaristes (James L. Brooks, Matt Groening, Al Jean, Ian Maxstone-Graham, George Meyer, David Mirkin, Mike Reiss, Mike Scully, Matt Selman, John Swartzwelder et Jon Vitti). Il ne s'agit pas d'un cas habituel de bricolage sans fin, mais d'un exemple de dévouement ; Variety affirme que les 11 ont produit des épisodes pour la série télévisée à un moment ou à un autre. Le génie de la série réside dans le fait qu'elle a fait appel à certains des meilleurs talents comiques décalés au lieu de se contenter de la routine de l'animation télévisuelle. Prenons l'exemple de James L. Brooks et du doubleur "A." (pour Albert) Brooks. Ces personnes sortent des sentiers battus.

Je ne suis généralement pas un fan des films issus de l'animation télévisuelle. Mais les Simpson ont quelque chose de radical et de simple à la fois, de subversif et de bienveillant, d'offensant sans vraiment le vouloir. C'est un bel exercice d'équilibre. Et la controverse sur l'état de Springfield est enfin réglée : on apprend qu'il est bordé par l'Ohio, le Nevada, le Maine et le Kentucky. Vous pouvez donc en déduire ce qu'il en est.

Si "Les Simpson" est effectivement la meilleure série télévisée de ces 100 dernières années (dont près de la moitié, il est vrai, sans télévision), je suppose que je ne devrais pas être surpris de visiter l'Internet Movie Database et de découvrir que le film a été élu 166e meilleur film de tous les temps à sa sortie, sept places au-dessus de " Les Raisins de la colère" et dix devant "Autant en emporte le vent".