C'était un dimanche soir comme les autres, un bon repas, et quelques bières entre amis, il n'en fallait pas plus à nos petits coeurs d'étudiants fauchés pour vouloir terminer cette soirée en beauté avec une bonne petite comédie américaine comme on les aime. j'avais déjà entendu succinctement parler des stagiaires. Owen Wilson et Vince Vaughn plongés au coeur du googleplex, le lieu de travail le plus classe et high-tech au monde ? Il n'en fallait pas plus pour picoter ma curiosité du dimanche soir. Je vous le dis tout de suite, j'en ai changé de moteur de recherche par défaut.

"Les stagiaires" est une comédie américaine potache racontant les aventures extraordinaires de nos deux comparses quadragénaires dans les locaux de google, pour un stage compétitif avec un CDI à la clé. Véritable concours de vannes douteuses et de défis idiots à la American Pie, les deux comiques, célibataires et ex-vendeurs de montres décident de changer de vie en repartant à zéro, et donc tenter leur chance dans l'univers informatique qu'ils ne connaissent pas du tout. Super, deux vieux réfractaires à la technologie qui se retrouvent baignés dans un bain de modernité high-tech, confrontés à une poignée de jeunes geeks diplômés; un duel d'expérience inter-générationel avec des ados bercés par l'ère du numérique et les réseaux sociaux. Dès le premier quart d'heure de film, je m'attendais à un flop aussi terrible que celui de google+, fort heureusement j'étais loin du compte, en fait c'était pire. Error 404, l'intérêt que vous recherchez sur ce film n'existe pas.

Alors tout d'abord, Oui ce film est un gros spot publicitaire de deux heures avec un placement de produit perpétuel pour la célèbre firme Google. Les stagiaires nous dépeignent un paradis de travail haut en couleur, un véritable campus pour cadres hypes et branchés. Plus qu'un camp de vacances, c'est une entreprise philanthropique et festive où le fun est une priorité dans l'environnement de travail. Mais tout ça, nous le savions déjà, il fallait bien s'attendre à manger un peu de google dans un film où toute l'histoire s'y développe. Non, ce qui m'a absolument choqué ici dans ce film, c'est l'ineffable mépris pour les geeks, les gamers, les passionnés de numérique, les programmeurs, et toute autre personne rattachée à l'univers de l'informatique. Ce film est tout simplement un film de vieux, avec une vision de vieux, le tout destiné à des vieux. Du début à la fin nous assistons à une lamentable caricature de jeunes et de leur rapport à la technologie. Du gros boutonneux psycho-rigide inassumé en passant par le hipster new-yorkais mal dans sa peau fuyant son passé, la prostituée indonésienne fauchée en quête d'identité, ou bien le méchant fils à papa riche et fraîchement diplômé prêt à tout pour arriver à ses fins et remporter le concours, tout y est. Ajoutons à ça quelques notions techniques abordées avec une maladresse déconcertante, les gags sont lamentables et indigestes au possible.

Point positif du film, celui-ci assume son grand n'importe quoi et va jusqu'au bout de son cheminement pitoyable. Bienvenue dans le remake de 'Retour à la fac', un subtil mélange fécal de '21 Jump Street' et 'American Pie', avec une succession d'épreuves d'une débilité affligeante. Incroyable de voir à quel point le film a pu passer à côté de son sujet, une véritable insulte au monde qu'il essaie de décrire très malhabilement et avec tant de clichés. Une incroyable bouille de préjugés pour cette très faible comédie qui se noie dans sa propre marre caoutchouteuse de dérision permanente. Le film entier n'est donc qu'une succession de défis ridicules emprunts d'une réalité inexistante, accompagnés de boutades scandaleusement inutiles. C'est ridicule du début à la fin, une explosion de pathétisme, on hésite entre malaise envers les blagues et scènes comiques ratées, le choc devant autant de débilité platonique, et surtout l'ennui mortel. Dommage pour un duo comique qui avait auparavant réussi à faire ses preuves. Une comédie bac à sable pour le moins ratée. Allez hop, on efface l'historique et on passe sur Bing.

Les stagiaires est donc un pet foireux au milieu de la foire au cassoulet, un énième navet noyé dans la soupe aux potirons, et une page google perdue dans les méandres d'internet. C'est un peu comme effacer son historique après être allé sur un site porno en navigation privée : une pure perte de temps.
MatthieuFillion
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le 11 sept. 2014

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