Les tournesols sauvages sont un peu trop sages/20

Je découvre la filmographie de Jaime Rosales avec ce film et je suis assez déçu. C'est pas mauvais, mais c'est très oubliable, et je trouve ça dommage pour celui qui est qualifié de "cousin ibérique d'Haneke" et reconnaissable "tant son propos que son langage esthétique se radicalisent de film en film" selon sa fiche Wikipedia française.


Je n'ai pas vu "La soledad" qui est son plus connu mais si comme ils disent il se "radicalise de film en film" ça doit être très vide. J'ai trouvé le film très creux, trop peu engagé, il passe toujours à côté de son propos, pas dans le sens où il le traite mal, mais dans le sens où il rate l'occasion d'en avoir un à chaque fois qu'il le pourrait.


On dirait que le film a toujours peur de raconter quelque chose, on y suit Julia interprétée par une très douée Anna Castillo, une mère de 22 ans délaissée par le père de ses enfants qui leur cherche un père de substitution.


On dit que les tournesols se tournent toujours vers le soleil, et Julia espère toujours se tourner vers le soleil à travers ces différents pères mais il finit toujours par soit l'aveugler soit lui brûler les ailes.


Il y a beaucoup de plans fixes, on voit peu les couples réunis dans un même cadres, hormis le dernier qui est le premier à fonctionner, souvent à travers des champs contre champs se répondant mais séparant toujours les 2 personnages, ou en cachant le deuxième dans le cadre pour laisser Julia seule. Je lui admet également le fait de prendre son temps quand il faut au montage pour démontrer l'état d'esprit des personnages.


Hormis tout cela, cette recherche de figure paternelle pour ses enfants est vraiment creuse, il manque vraiment quelque chose, de plus "radical" justement, et ça donne l'impression au film d'être une forme de téléfilm Espagne Televisions sans engagement ni conviction. Divisé en 3 parties, une pour chaque beau-père/père, il évite trop de montrer la pluralité des points de vue et ne dénonce finalement rien en restant centré sur Julia.


Il nous présente dans sa première partie Oscar, macho ultra possessif et toxique au point de se faire tatouer le nom de Julia sur sa peau, qui deviendra suffisamment jaloux pour devenir violent envers Julia, ce trauma aurait pu dénoncer le patriarcat et la peur de Julia de se remettre avec un homme mais non, il a finalement peu de conséquences.


La 2e partie est centrée sur Marcos, militaire faisant de son mieux mais qui selon Julia n'assume pas sa responsabilité de beau-père, sauf que le personnage se remet assez en question pour être attachant et ne dénonce encore une fois rien sur la fuite de sa nouvelle paternité.


Et la dernière sur Alex, amoureux de Julia depuis l'enfance, qui au début à des doutes, ayant une envie de garder sa liberté mais devient père et l'assume, s'excuse de son "inconsidération" envers Julia, et propose un portrait de famille convenable sur sa séquence finale, ne dénonçant encore une fois rien.


Je ne sais pas si le film est assez violent, car même sans l'être il ne me fait rien ressentir, il n'a même pas l'ambition d'être feel good s'il veut proposer une vision saine du couple, mais il a un air de soap opera où les relations et dramas priment sur le propos, et finalement le film est trop sage pour pouvoir me marquer, ça m'attriste.

Cinecrologie
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le 13 juin 2023

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