Entre 1990 et 1993, l’émission La Télé des Inconnus est l’un des programmes les plus suivis sur Antenne 2 (ancêtre de France2). Le trio formé par Bernard Campan, Didier Bourdon et Pascal Légitimus devient l’un des groupes d’humoristes les plus populaires de son temps. L’énorme succès de leur premier film au cinéma est donc une demi-surprise, même si la moitié du score atteint (7 millions d’entrées) aurait déjà été une performance remarquable. Il faut toutefois noter le précoce Le téléphone sonne toujours deux fois (dirigé par Brialy), film sorti en 1985, à l’origine de la formation du groupe où il était encore constitué de cinq membres (dont Smain).


Tout en reprenant certains gimmicks comme ceux liés à leur sketch sur le monde de la publicité, les Inconnus mettent de côté les personnages et les histoires développées au théâtre ou à la télévision. Leurs caricatures virent à l’exutoire populaire (avec les personnages du directeur ou celui du beau-père réactionnaire) voir au règlement de compte (l’huissier). Il n’y a pas de revendication, mais des frustrations sur lesquelles on met des mots : la séquence du tribunal viendra le consacrer.


Bourdon, qui a toujours été le plus vif et hilarant du trio, a ici le rôle le moins outrancier des trois. C’est un baratineur opportuniste, maqué avec une niaise horrible par pur intérêt, en dépit de son infect milieu familial. Campan apparaît comme un petit comédien à la manque, voir un »artiste » de rue sur la touche. C’est en fait le péquenaud de base, d’ailleurs dès qu’il se croit fortuné, le voilà propulsé en nouveau riche d’une vulgarité obscène. Légitimus est le mieux armé du trio avec son travail chez les rois du tertiaire et son décors est peuplé des meilleurs seconds rôles, dont Elie Semoun en espèce de hyène et Bernard Farcy, toujours parfait en connard ou prédateur.


Les tribulations de ces trois frères se déroulent en deux temps : dans la première moitié du film, la meilleure, un portrait taquin des personnages et de leur environnement est dressé. C’est bon enfant et rempli de répliques malines. Bien que ce ne soit pas nécessaire à ce stade, la seconde partie en rajoute dans la gentillesse et la limpidité. Avec le petit Michael (Antoine du Merle) sur les bras, l’escapade vire la niaiserie : le résultat est proche des ambiances consensuelles de téléfilms pour prime time familiaux.


Ce lent déclin est ponctué par quelques gags mais rien de nouveau ne se crée. Tout au plus, la bande se délecte de son parasitisme face à des catégories sociales grotesques ou pesantes : pour se moquer de la France profonde et arriérée, un cameo des Deschiens (c’est l’essentiel de leur travail) ; et pour être équitable dans les coups (pas trop méchants), un visite chez les aristo du château Petrus. Les Trois frères demeure la seule franche réussite des Inconnus au cinéma avec Le Pari, voir la seule puisque ce dernier appartient à la période où le trio ne peut pas se retrouver au complet pour des raisons de droit.


Critique des Trois frères: le retour


https://zogarok.wordpress.com/2015/05/06/les-trois-freres/

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le 6 mai 2015

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