Les Inconnus avaient déjà frappé à la porte du 7e art et avaient sorti Les trois frères. Avec cette histoire de trois bonhommes qui découvrent qu’ils sont frères suite à un héritage, Les Inconnus bâtissent une fiction attrape-tout, à la fois radiographie rigolarde de la France profonde et concours de grimace un rien volontariste. Même s’il reste tout à fait clair que nous ne sommes pas ici dans la case mieux-disant culturel, il faut reconnaître aux instigateurs de ce projet une poignée de bonnes idées absurdes et une méchanceté anti-beauf qui va plus loin qu’à l’ordinaire, genre coup de pied rageur dans les clebs insupportables de la famille Machin.
Ainsi, certains personnages tombent dans le pur cliché mais c'est ce qui est sans doute voulu, et à cela s'ajoute des gags assez drôles. Il faudra tout de même reconnaître que le film n'est pas non plus indispensable. Bien que drôle par moment, il a tendance à souffrir de quelques longueurs, tant le film s'acharne sur ce qui ressemble plus à un gros sketch qu'à un long-métrage. Le film souffre donc de temps en temps de problèmes de rythmes et de mise en scène, ainsi que d'écriture, qui tente, derrière les gags, de traiter d'un sujet pour le moins, dramatique. C'est pourtant ce que Les Inconnus savent faire de mieux : tous leurs sketchs abordant des sujets dramatiques étaient écrits à la perfection.
C'est donc en regardant Les trois frères qu'on se dit que Les Inconnus sont bons, mais là où ils sont et resteront les maîtres, c'est dans les parodies et les petits sketchs. Is parviennent à transposer leur humour corrosif au cinéma et tapent très fort sur la société française, mais on ressort tout de même assez sceptique. Devenu culte, Les trois frères ne se démarquent donc pas spécialement de la comédie potache franchouillarde, bien qu'on sente la volonté des Inconnus d'en sortir, et qu'on voit clairement leur marque dans l'écriture. Mais ça reste davantage à voir comme un moment sympathique afin d'oublier ses problèmes, que comme un chef d'oeuvre de la comédie.