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" - On peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants."

Dixit Alexandre Dumas en 1844, à propos... des Trois Mousquetaires !
Voici qui devrait donner à réfléchir au contempteurs de l'infidélité historique et adaptative.


C'est un film de genre, prisonnier des codes figés des fictions de capes et d'épées, au sein de l'œuvre qui les a fixés. Ce genre d'aventures "en costumes" sont devenues quasi-inadaptables de nos jours. On avait eu des versions carrément plates ici et au tournant du millénaire, qui avaient fait naufrages faute d'apporter quoi que ce soit. C'est au contraire la variation qui arrivait encore à retenir l'intérêt autour de ce bouquin commercialement passé de mode.
Alors ces codes, le film n'hésite pas à s'en moquer, notamment lors du premier combat D'Artagnan-Rochefort, coupant l'herbe sous les pieds de ses sarcastiques spectateurs.


Ici, on est dans l'histotainment assumé, dans l'oeuvre qui a inventée le concept. W.S Anderson sait parfaitement ce qu'il fait. Mais ce grand n'importe-quoi servira le récit. On a vu mille fois des combats d'abordage en bateau, dans des films de capes et d'épées, et déjà avec Orlando Bloom. Alors plutôt que de nous refaire Pirate des Caraïbes sans budget, il met les bateaux dans le ciel, des canons à répétition, des hommes-grenouilles. C'est critiquable, mais pas plus que certaines inventions Dumassiennes à l'époque.


Et puis ça récompense la vanité de ceux qui auront la persévérance de traquer tous les anachronismes. Ou pour un jeu à boire...


Surtout, le film assume sa légèreté. La simplicité du récit tient aux besoins du découpage, montage rapide, ce qui donne de la cohérence au tout. L'écriture est au service du divertissement, comme dans Dumas.
Pas besoin de présenter les personnages qui sont devenus grâce aux livres des archétypes. En deux scènes très fluide on voit très bien qui sont les Trois, quels sont leur état d'esprit et leurs motivations au début du film. Pas de dialogue grandiloquant, pas de psychologie, sauf pour faire avancer le récit - avec Athos principalement. Les héros jouent sérieux et sobres pour que l'on s'investisse un minimum dans la tension de la scène finale ; mais tous les autre cabotinent comme dans les vieux films, sans tomber dans la parodie parce qu'ils sont talentueux. Le second degrés marche parce-que le film est formellement bon.
Alors le personnage joué par l'insupportable James Corden échappe à la subtilité des autres personnages. Mais ce comic relief - dont on se serait tout de même bien passé - se voit justement rabroué pour ses répliques clichées. J'ai envie d'imaginer que les scénaristes on volontairement puni ce piètre acteur.


J'ai encore plus envie de croire que quelqu'un dans l'équipe a tripoté le script pour intégrer un indice métaphorique de la lucidité du projet dans le dénouement : en empalant littéralement l'intrigue - et le dirigeable - sur un anachronisme. Depuis l'incendie de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, le public est largement informé que sa regrettée flèche était un ajout d'un certain Eugène Viollet-le-duc, au 19e, deux siècles après l'intrigue. Un précurseur de l'histotainment, décrié pour sa version romancée de l'histoire, et pour avoir bâti ici... un anachronisme.
Elle n'a rien a faire là en 1625 cette flèche, et anachronisme sur anachronisme ça ne s'annule pas. Mais elle apporte un sous-texte : votre histoire aussi est falsifiée, embellie, romancée. Et c'est tant mieux.


Pour le reste, on est en maîtrise. Certes, grâce à une bonne dose d'auto-citation - ou de citation de ses propre plagiats/hommages. Les acteurs cabotinent dans la joie et la bonne humeur. Les amoureux sont mignons comme tout. Mila est au sommet de sa beauté. Que demande le peuple !?


Dumas, lui, n'en aurait probablement pas demandé plus.

Raginwald
9
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Créée

le 13 mars 2021

Critique lue 120 fois

Raginwald

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