Globalement mitigé malgré une bonne idée au départ - Critique du 1 et du 2

Bon bon bon, je suis sorti de mon hésitation et je me suis motivé à voir les deux films. Plutôt que devoir attendre six mois ou un an, j'ai préféré voir les deux d'un coup.

L'idée de base de Martin Bourboulon de créer un film en "réponse aux franchises américaines" qui abondent nos écrans et la vie de nos gamins (à coup de Avengers) est une bonne idée. En effet, le cinéma français met peu en valeur sa littérature et lorsqu'il y a un film dessus, c'est par des droitardés ou des américains. Là-dessus, c'était donc une bonne idée et ça a marché pour le volet un. Pas le deux.

Un des dangers de ce film reposait dans le casting. Trop gros, trop imposant, trop "fort". Que des têtes. Personnellement, même si c'était sympa de voir réuni Duris-Marmaï-Cassel-Civil, j'ai eu l'impression de ne pas voir les personnages dans leur globalité. J'ai eu ce sentiment de voir Romain Duris faire du Romain Duris, Vincent Cassel faire du Vincent Cassel, François Civil idem, etc.

Pour ce qui est de Vincent Garrel, j'ai trouvé son rôle de roi timide, mais ferme par moment plutôt convaincant, contrairement à Vicky Krieps, par laquelle j'ai été assez déçu, que ce soit d'un point de vue artistique (un peu molle en Reine) que d'un point de vue réalité historique (l'infante d'Espagne qui parle anglais). D'ailleurs, leur relation se veut quand même proche dans le film, distance, mais tendre, alors que leur mariage était assez malheureux. Ce qui motivera Louis XIII à s'intéresser d'ailleurs de très près aux hommes.

J'ai beaucoup apprécié Eva Green en Milady, elle m'a fait penser à Kristin Scott Thomas dans Arsène Lupin (de JP Salomé avec toujours Romain Duris).

Et pour ce qui est du protagoniste principal, on rentre mousquetaire au service du roi à l'âge de 16 ans et en étant Gascon. J'ai donc eu du mal avec François Civil qui a 34 ans. Son éternel côté jeune a du mal à me convaincre, encore plus dans la partie 2.

D'ailleurs, en parlant de Gascogne, bien que ce ne soit pas dans l'œuvre de Dumas, on n'a aucune allusion à Oloron-Sainte-Marie, lieu de naissance du capitaine de Tréville, ou encore à Aramis, inspiré d'un seigneur béarnais, Henry d'Aramitz (cousin du capitaine de Tréville), venant d'Aramits, petit village du Béarn. Chose identique pour Porthos et Athos, originaire du Béarn. D’ailleurs, Louis XIII est le fils de Henri IV né à Pau. A la base, un triptyque LTM était prévu, des scènes se déroulant dans le Béarn auraient été instructives et divertissantes.

Sur un autre registre, je craignais qu'on dérive sur une franche wokiste LGBT en incluant un Porthos bi et un mousquetaire noir (ayant réellement existé, mais absent de l'œuvre de Dumas). Et heureusement, Ralph Amoussou ne fait pas du Omar Sy imposant et s'en sort bien dans les quelques scènes où il est présent.

Le volet un :

On entre dans l'univers du combat, des guerres intestines et de la prise de pouvoir. Lutte, tentative de régicide, jeux de pouvoir, bref le film mêle adroitement suspense et fiction et j'ai particulièrement aimé cette tension politique. Eric Ruf incarne un Cardinal de façon ni trop molle/faible ni trop imposante, dans le juste ton.

Bref, envie de voir la suite qui ne sera pas à la hauteur du 1er.

Le volet deux :

L'écrivain Jules Romain, auteur de Knock, a toujours refusé de voir les adaptations cinématographiques de ses œuvres. Il considérait que l'œuvre devait être respectée à la virgule. Ce qui n'est pas le cas ici. Que ce soit dans la mort de Constance par exemple ou de celle de Milady. Mais bon, Dumas l'a fait en avançant dans le temps son personnage fétiche, D'Artagnan. Le film commence bien, avec une évasion et une tension sexuelle forte entre D'Artagnan et Milady, mais se termine dans un pathos mélodramatique (la scène de la mort de Lyna Khoudri est sentimentalement longue très longue) ponctué de scènes d'actions décevantes.

En parlant d'adaptation de la réalité, et pour avoir vécu à La Rochelle, je regrette que La Rochelle ne fit pas partie des lieux de tournage (remplacé par Saint-Malo) ni même Oléron ou encore l'île de Ré (lieu d'ailleurs du tournage du film Le Jour le plus long en 1959, comme quoi ça ne date pas d'aujourd'hui). Je note quand même dans le film une belle référence au coup de poignard de Jean Guiton (maire de La Rochelle lors du siège) dans la table lorsqu'on lui parle de capitulation.

Il y a quelques dialogues assez peu convaincants tels que :

“Mousquetaires, vous êtes soldats pour mourir, je vous emmène là où on meurt” (qui est de Oscar de Négrier) ou encore le monologue de Gaston d'Orléans quant à la mission suicide façon film commando où l'on sait que si c'est abordé, forcément nos héros feront partie du voyage et... survivrons !

Une scène finale assez longue et peu crédible avec une bataille dans un édifice en feu. Ce qui me fait tiquer à chaque fois dans les films, c'est ce côté combat avec des flammes autour. Quid de la chaleur et du monoxyde de carbone qui entraînent des nausées et des vertiges au bout de dix secondes d'intoxication ?

Mais bon, il faut vendre du rêve au spectateur. Et ça marche. Bon dans mon cas à moitié.

Si j'ai apprécié le volet 1, j'ai vraiment peiné en regardant le 2.

Bref, je verrai sûrement la suite, s'il y a suite, mais de mon œil historique.

ps : note moyenne des deux : 6 pour le 1 et 4 pour le 2 soit 5 pour les deux.

SB44
5
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le 16 avr. 2024

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SB44

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