Si ce retour des « Visiteurs » a pu apparaître comme un événement jusqu'à sa sortie, il est apparu encore plus vite qu'il n'en était rien, regarder ce quatrième volet (si on compte le remake américain) apparaissant plus aujourd'hui comme de la curiosité malsaine qu'autre chose. À ce titre, c'était même un peu moins pire que ce que je pouvais craindre. D'ailleurs, niveau costumes et décors, je trouve que le film fait bonne figure, la belle photographie (enfin, sauf les scènes de nuits) donnant également un certain charme à la reconstitution. Seulement, ces réels efforts formels sont balayés par un niveau comique proche du zéro.
Perso, voir nos amis se retrouver en pleine Révolution française, je trouvais ça sympa. Mais encore fallait-il profiter de cette aubaine pour créer une émulation, un « choc des cultures » de qualité. Si l'idée de se placer du côté des royalistes était plutôt bonne, Jean-Marie Poiré et Christian Clavier (également à l'écriture) n'en font absolument rien. Au total, j'ai dû sourire trois fois. Aucune recherche historique, juste quelques grandes figures balancées comme ça de façon stéréotypée, doublées d'une opposition caricaturale au possible entre les Révolutionnaires, tous obsédés par la République et la guillotine face à des grands bourgeois ne pensant qu'à conserver leur luxe (OK, il y a un peu de vrai, mais c'est quand même très, très simpliste).
Tout sent la facilité, le travail vite fait, se contentant de reprendre ad nauseam les plaisanteries qui avaient fait l'immense succès du premier volet, sans inspiration ni talent. C'est lourd, laborieux, sans aucune originalité ni surprise dans le déroulement, avec notamment beaucoup de blagues sur les odeurs : une fois ça passe, vingt c'est insupportable. L'occasion, également, d'un festival de seconds rôles où chacun fait son numéro sans apporter grand-chose à l'intrigue, les seuls s'en sortant avec un semblant de dignité étant Sylvie Testud et Alex Lutz.
Qu'ils se rassurent, toutefois, car s'il y en a bien un qui sombre comme jamais, c'est Clavier, apocalyptique en Jacquouille dans une caricature de caricature de ce personnage pourtant si réjouissant lors de sa création en 1993
(il est un peu mieux en partisan de la Terreur et en collabo dans les dernières minutes),
Jean Reno se contentant du minimum (en même temps, a t-il jamais été vraiment bon dans sa carrière?), mais ayant au moins le mérite d'être supportable.
Une période passionnante et décisive dans l'Histoire de France réduite à une grosse comédie sans âme ayant plus de vingt ans de retard quasiment à tous les niveaux, c'est triste mais en même temps, j'étais prévenu : « Les Visiteurs : la Révolution » est depuis longtemps un concurrent sérieux à Nanarland. Ça n'a aucun intérêt. Ah oui : à la fin du générique on voit Poiré apparaître une seconde en train de fermer rapidement une porte : nul doute que celle-ci n'aurait jamais dû se rouvrir...