Life of Belle
5.5
Life of Belle

Film de Shawn Robinson (2024)

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J'aime beaucoup le found footage et j'ai clairement le genre de petit plaisir coupable, qui arrive à m'avoir facilement. Ici, on est sur quelque chose d'assez particulier, dont je vais encore remercier la plateforme Shadowz, pour la découverte...

Présenté sous forme de found footage, avec une esthétique bricolée entre caméras de surveillance et images captées à la volée, le film prend le parti de brouiller les frontières entre documentaire et fiction. Et il faut le reconnaître, l’effet est plutôt immersif. On a l’impression de tomber sur les restes d’une enquête familiale, quelque chose de brut, de fragile et de profondément troublant.


Le premier pari réussi du film, c’est son casting. Ici, pas de vedettes, pas de visages connus, Shawn Robinson a mis en scène sa propre famille et cela change tout. Les interactions sonnent plus justes, plus spontanées. On ne peut pas parler de performances flamboyantes, mais cette sincérité suffit à installer un malaise crédible. Les enfants, surtout, impressionnent. Leur façon de manifester la peur et la détresse, parfois maladroite mais toujours honnête, rend certaines scènes particulièrement poignantes. Ce ne sont pas de jeunes prodiges à la Spielberg, mais des gosses dont les réactions paraissent vraies, et c’est précisément ce réalisme qui glace le spectateur.


Côté atmosphère, le film joue habilement sur son format. Les angles fixes, les images granuleuses et la lente montée en tension rappellent certains classiques du genre. On scrute chaque recoin de l’image à la recherche d’une silhouette qui se cache, d’un détail inquiétant qui nous échappe. Souvent, ça marche et je me suis étonné de le constater à plusieurs reprises... quelques apparitions suffisent à créer une vraie inquiétude. Le rythme, condensé en 73 minutes, donne au film un côté compact, sans trop de digressions. Cette durée courte évite l’écueil des found footage qui s’étirent inutilement et permet à la tension de s’installer progressivement sans trop lasser.


Mais si Life of Belle intrigue autant qu’il dérange, c’est aussi parce qu’il trébuche là où il aurait pu briller. Dès l’ouverture, le film commet une erreur fatale, il nous dévoile d’emblée le destin funeste de la famille. Impossible, dès lors, d’espérer être surpris par le sort des personnages. Toute la première moitié, déjà assez lente, en pâtit, on suit des tranches de vie du quotidien qui installent l’ambiance, certes, mais dont l’impact dramatique est amoindri par ce spoil précoce.

La lenteur, que certains trouvent hypnotique, pourra en décourager d’autres.

Beaucoup de film de ce genre là s'appuie sur ce procédé, c'était d'ailleurs le cas des classiques du genre, qui explique d'où vienne les enregistrements qu'on va s'apprêter à regarder. Mais dans un contexte aussi simple, c'est un peu couplé l'herbe sous le pied de la tension.


Le plus frustrant reste cependant le dénouement. Après une heure de tension où le film flirte avec une horreur réaliste, ancrée dans l’ambiguïté entre maladie mentale et surnaturel, il bascule dans une explication plus grossière, ouvertement fantastique. Ce twist final paraît simpliste, presque bâclé, surtout face à une construction qui laissait espérer quelque chose de plus subtil.


Le thème de la frontière entre troubles psychiques et phénomènes paranormaux est un classique du genre, mais ici il sonne trop attendu, comme un raccourci.


Il y a aussi qui est peut être de l'ordre du détail pour beaucoup, mais qui m'a cruellement fait sortir du film et que j'ai tout bonnement détesté...

C'est les fondus enchainés et les fondus au noir... C'est simple comme tous, mais parfois, le film fait des transitions entre les scènes et BORDEL POURQUOI?!

Dans l'histoire, c'est un document compilé, pour tenter de faire passer une information pour aider dans les recherches... Alors qui est le pur fou furieux, qui c'est amuser à mettre des transitions pareilles en plein milieu?!


C'est le cas classique, d'un réalisateur qui prend le genre du found footage, sans faire attentions aux codes classiques et c'est typiquement ce qui m'agace le plus dans ce genre là.


Enfin, de ce que j'ai pu en lire, le dernier acte a de quoi diviser. Là où certains spectateurs saluent la puissance émotionnelle du climax, une plongée dans une détresse familiale douloureuse, d’autres le trouvent pesant, voire épuisant. On sort de la séance davantage marqué par la charge dramatique que par une peur viscérale. Ce choix narratif est audacieux, mais il laisse un goût amer, celui d’un film qui avait la matière pour être un grand moment de found footage et qui s’arrête en chemin, faute d’oser aller au bout de ses intentions.


Ceci dit, Life of Belle reste une curiosité troublante.

Sa sincérité, son casting familial, et sa capacité à installer un malaise suffisent à en faire une expérience marquante. Mais son intrigue trop balisée, son twist final maladroit et son ouverture spoilante l’empêchent de se hisser plus haut. C’est le genre de film qu’on n’oublie pas complètement, parce qu’il dérange par son réalisme et sa construction inhabituelle, mais qui laisse aussi un sentiment de rendez-vous manqué.

KumaCreep
5
Écrit par

Créée

le 7 sept. 2025

Critique lue 30 fois

KumaCreep

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