Le postulat est classique, dans la lignée illuminée par Alien, abondamment galvaudée les deux décennies après sa sortie. Nous sommes dans l'espace avec une équipe resserrée, d'élite, ici syncrétique (techniciens, super-admin/responsables devant l'Univers, réactif-sportif de service). Un invité extraterrestre monte à bord (dans Life on traite le retentissement international d'une telle découverte – duquel vient le nom de la Bête, sorte de micro-organisme d'aspect 'primaire' et gélatineux). Cette intelligence supérieure avec laquelle la communication est impossible (inenvisageable ou rudimentaire) s'avère hostile et sournoise. La berezina peut commencer.


Life cultive une très forte tension face à l'ennemi qui monte, monte, sans préciser sa nature, ses failles – seulement l'étendue de ses capacités ! Il reste obscur et 'large' sur ces aptitudes extraordinaires, malgré des défenses rationnelles moyennement convaincantes : sur l'oxygène, en parler, avoir conscience des anomalies ou du flou, mais pas résoudre le problème (récurrent dans ce cinéma-là). Pour le reste, ce film est garanti sans timidité ou gaspillage. Le service gore est copieux, les faux espoirs réduits au minimum, la caméra mobile, fluide, empathique. Quitte à être huis-clos, celui-ci l'est à fond, seuls les vues sur écran nous sortant du présent – pas de flashbacks, de pleurnicheries, pas de laïus psychologiques et de confessions dérisoires. Seulement six membres concentrés et démunis (dont deux stars sur cette galaxie : Reynolds et Gyllenhaal), sur-équipés mais bons qu'à résister. Sur ce terrain le film laisse faire l'évidence et cela fonctionne, les caractères s'affirment, 'crachent' leur vérité dans l'action (Gosling en 'sanguin' épanoui et sarcastique prêt à sacrifier sa distance ; Bakare sous un profil amoindri, en laborantin tenace et pathétique ; les deux femmes plus graves ; seul bémol, le montage fait quelquefois le jeu de Gyllenhaal confus). La pédagogie sur conditions de vie dans l'espace s'exerce à l'occasion de l'émission en interactivité avec la Terre, d'un entretien médical.


La réalisation joue sur les conditions objectives individuelles – au départ avec l'impesanteur/la non-gravité, ensuite en descendant vers les détails (l'exemple le plus rude est celui du casque d'Ekaterina – par l'actrice russe Olga Dihovichnaya, dans sa première apparition à l'étranger). De quoi emmener Life haut sur le créneau survival, bien plus que pour le créneau initial de la science-fiction, doublement vulnérable à la critique : le genre en lui-même est plus facile à estimer et Life n'y invente rien. Il se contente de déployer ses talents à écumer les passages obligés (comme la sortie hautement périlleuse) et pousser à bout quelques possibilités monstrueuses – vers le grand Blob final ? Il s'inspire de détails de divers classiques, reconstitue leurs ambiances (il évoquera des souvenirs aux gamers aussi), sans s'appesantir sur ces actualisations réussies ni s'enfermer dans la citation. Tout ce qui est déjà passablement acquis permet de dégager du terrain au développement (toujours concis) de nuances, de gadgets, pendant que l'intensité et l'aspect 'progressif' du scénario font le travail. La dernière séquence est remarquable, avec un des spationautes comme un Tetsuo dans sa capsule et une Humanité montrant ses bons côtés au moment du désastre – où la partition menaçante et majestueuse de Jon Ekstrand exulte (The Long way back).


https://zogarok.wordpress.com/2017/07/16/life-origine-inconnue/

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le 4 juil. 2017

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