Pèlerinage en Amérique profonde, traversée des Etats-Unis de long en large pour s’achever en Alaska ; Lillian, qui donne son nom au titre du film, arpente les reliefs, traverse d’insignifiantes villes, longe les routes afin d’atteindre sa nation originelle : la Russie.
Figure presque fantomatique, se mouvant discrètement, captée par les cameras de surveillance, aucun mot ne sortira de sa bouche durant son périple au point de devenir seule témoin des évènements qu’elle rencontre. Sa fresque met ainsi en avant un pays viscéralement malade par la pollution, les bâtisses abandonnées, les problèmes sociaux, sans pour autant le condamner en devoilant aussi la fraternité rurale Américaine, les événements festifs et la beauté des paysages.
On dirait presque que le film a été improvisé, tant la contingence de certains plans – Orage, animaux – s’inscrivent parfaitement dans cette narration quasi-documentaire. Les événements sont montrés avec un grand naturel et une touchante sincérité, y compris dans le jeu des protagonistes secondaires. Du plus juste au plus vil, même si ce dernier est légèrement stéréotypé avec sa dégaine et ses intentions qui suintent sur son visage. M’enfin, il doit bien en exister.
Bien évidemment, son excursion est semée d’embûches qui enrayeront sa progression. A commencer par ses besoins primaires, assouvis par son opportunisme et la naïveté bienveillante des individus. La météo, annoncée clairement dès le début comme une sévère entrave, est sans doute la plus visible de ses colles. Le ciel est par ailleurs beaucoup mis à contribution dans les plans, prenant quelques fois plus de la moitié du cadre. Ciel qui baigne les séquences d’une grande lumière naturelle en contraste avec un étalonnage plutôt terne.
Bref, malgré ce manque total de parole, voire presque d’émotions, j’ai éprouvé paradoxalement de l’empathie pour Lillian. J’eu envie qu’elle réussisse. Des séquences parfois répétitives au point de ressentir la durée entachent quelque peu le film, mais dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé ce voyage dans cette Amérique oubliée.
Par contre, va falloir m’expliquer la scène des baleines dont j’ai eu du mal à saisir le sens. Elle sort littéralement de nulle part.