C’est l’histoire d’un duo de flics détestables, immensément stupides et, allons-y franchement, complètement misogynes. Ce sont les gentils.
Y a un tueur qui rôde, il coupe des mains, il viole des meufs, puis il les tue. C’est le méchant.
Y a une indic, une meuf du quartier. Elle est terrifiée, elle cherche à se racheter suite à un accident qui envoie la femme d’un des deux flics à l’hôpital.
Vue aérienne très jolie d’un métro passant à côté d’une cité-poubelle pas très jolie.
Face à sa bonne volonté et à sa quête évidente de rédemption, le duo de gentils flics décide de frapper l’indic à répétition. PAF ! Peu importe la « circonstance atténuante » donnée par le scénario, ce sont des vraies merdes humaines.
« - Je suis désol… » PAF !
« - J’ai peur et… ! » PAF !
« - Pourquoi vous me traitez comme ç… » PAF !
« - … » PAF !
Après l'avoir tabassée pour la millième fois, et que les méchants dealers aient eux aussi apporté leur pierre à l'édifice des sévices en s’acharnant sur cette pauvre femme à l’arme blanche, ce duo de flics exemplaires abandonne leur indic en sang, menottée à une voiture au milieu d'une cité peuplée de crackheads et de dealers. Des génies !
Ah oui, y un tueur aussi. On avait presque oublié… et on apprend que c’est un clochard qui se balade avec un caddie plein de brols, tel un rescapé du Black Friday.
Et voilà qu’il kidnappe la meuf. Parce qu’il faut pas déconner, elle en a pas pris assez pour son grade cette petite. Il faut continuer crescendo avec les sévices pour flatter les plus bas instincts du spectateur.
Et à ce moment précis, quelque chose se passe dans le cerveau d’un des gentils flics, le plus fâché des deux, celui qui est aussi expressif qu’un manche en bois carbonisé parce que sa femme est à l’hôpital. On lui a volé sa chose ! Il pleure à l'idée que quelqu'un d'autre que lui puisse s’acharner sur son punching-ball. C’est vraiment impardonnable et ça ne va certainement pas se passer comme ça. Moment d’émotion intense.
Retour dans le repaire du tueur.
Plans esthétisants d’une scène de viol pas très jolie et d’un cerf empaillé.
Retour à l’enquête.
Notre duo de flics teubés trouve une trace de pas par terre sur un bout de carton A4, prêt à être collecté. Et mais c’est, c’est… c’est bien sûr ! La semelle du tueur ! Du grand art.
Il faut dire que sans leur punching-ball, la vie n’a plus de sens. Alors ils se mettent à marcher au ralenti sous la pluie, à discuter et à prendre enfin cette « enquête » au sérieux. C’est bien, on avance !
Retour dans le repaire du tueur. Il sait jouer du piano, c’est peut-être un violeur et un meurtrier mais lui au moins, il a une âme fragile. Il est en manque d’amour de sa maman aussi. Ceci expliquant son amour inconditionnel pour la gent féminine. Original. Hum.
« - Okaasan », dit le tueur en regardant une photo de sa maman (ça veut dire maman en japonais).
Interlude de plans esthétisants.
« - Okaasan », dit la victime sur le point de se faire couper les mains par le tueur.
J’y crois pas. Ils l’ont eu. Ce moment Martha furtif comme dans cette daube de Batman V Superman. Juste exceptionnel. Même plan, même regards. J’ai pleuré.
L’indic profite de cette sympathique diversion Snyderienne pour partir en courant, mais le tueur n’est pas content, alors il pousse un cri de loup-garou (vraiment).
Pendant ce temps, le duo de bras cassés arrive dans le repaire, et ils prennent leur temps pendant que le lion fou traque sa gazelle à travers une série de plans très jolis de décombres pas très jolis.
Le tueur est armé d’une pelle et c’est parti pour un combat entre le clodo et le manche en bois sous la pluie !
À ce stade, j’ai envie qu’ils crèvent tous les deux et d'avoir l’immense plaisir de voir défiler le générique.
Et en vérité, ce sera plus ou moins le cas.
L’autre flic débarque. Une mêlée de rugby. Un bras cassé. La confusion. La musique de Gladiator. Des balles perdues. Des pleurs. Des cris. La même vue aérienne très jolie d’un métro passant à côté d’une cité-poubelle pas très jolie qu’au début. Un petit retournement de situation grotesque de derrière les fagots. Et voilà !
Et tout ça en noir et blanc.
C’était joli.
FIN.