Trois têtes d’affiche séduisantes, un titre qui claque et un réalisateur habitué des westerns de fin de carrière du Duke, voilà qui promettait. La déception est certainement d’autant plus grande. Là où on attendait une bonne série B qui dépote, on trouve plutôt un téléfilm assez pépère avec quelques scènes d’action à rallonge sur la fin pour donner le change. C’est évidemment insuffisant pour remplir le contrat. La bonne gueule de John Don Baker n’est pas en cause, bien au contraire, mais le scénario ne suit pas vraiment. Tiré par les cheveux, le récit ne vole pas plus haut qu’une série lambda et le chevauchement des intrigues qui intervient au bout d’une heure déçoit alors qu’il semblait promettre des étincelles. Autrement dit, un résultat qui fait plutôt pschitt et qui ne parvient pas à tirer le maximum de sa matière première, Andrew V. McLaglen se montrant très clairement moins à l’aise dans les espaces urbains que dans les espaces westerniens. Des grandes espaces dans lesquels, d’ailleurs, il revient en bout de pellicule pour livrer une course poursuite en buggy assez redondante et une autre entre un hélicoptère et en bateau davantage convaincante.
Tout n’est cependant pas à jeter. Les amoureux du cinoche ricain des seventies seront, tout d’abord, ravi de retrouver une ambiance typique de l’époque et un casting parfait pour ce type de productions. John Don Baker, bien entendu, dans son habituel rôle de bourrin généreux, mais aussi Martin Balsam qui, entre les États-Unis et l’Italie, n’a eu de cesse de jouer les gangsters en costard, et John Saxon dans une carrière quelque peu similaire mais dans des rôles plus éclectiques. Si on ajoute Linda Evans pour le glamour, on tient là un casting pour monter en épingle un pitch même minimaliste. Mais les personnages ne sont que de simples caricatures et les liens entre les différents personnages mal définis. Entre un jeu du chat et de la souris, et une confrontation à la vie à la mort, on voit mal où le scénariste se positionne, et les acteurs ont donc du mal à trouver leur juste place. Louvoyant entre premier et deuxième degré, l’ensemble ne sait pas trop s’il est lui-même un objet volontairement bas du front ou, au contraire, une proposition légère comme en témoigne la relation de l’inspecteur Mitchell et de la jolie call-girl qui lui tourne autour.
Incapable de trouver la bonne distance et de servir un récit plus riche en péripéties, le film ne parvient à soutenir la comparaison avec les polars hard boiled qui fleurissaient avec bonheur à l’époque. On ne s’y ennuie pas mais le cahier des charges enferme le projet dans une case qui le renvoie sans cesse dans un pseudo épisode pilote d’une série de l’époque. Cela reste distrayant mais c’est très insuffisant au regard de tous les atouts dont le film disposait.