Little Jaffna, le premier film de Lawrence Valin, serait assez inspiré par les films mafieux de Scorcese. Transposé à Paris dans la communauté Tamoule de La Chapelle, le film intègre dans son style des effets quasi bollywoodiens (de nombreux ralentis irriguent les scènes d'action). Sur fond de guerre au Sri-Lanka et de massacres de la population tamoule, on infiltre un groupe de Tigres ayant migré en France. (Les Tigres, ce sont les membres du groupe de défense des Tamouls du Sri-Lanka, dont la diaspora sert au financement de la lutte armée, mais qui est qualifié de groupe terroriste par l'UE.) Le protagoniste, tamoul fils de Tigre, réfugié en France et voulant s'intégrer à la société française, est un policier qui infiltre un groupe de tigre pour tenter de le démanteler. Bagarres de quartier, guerre de gangs, romance impossible, scènes de poursuite, tout confine Little jaffna à un simple thriller.
En effet, si la mise en scène a des fulgurances, le scénario semble un peu faible pour aborder avec profondeur tous les enjeux que le film sous-tend. Le quartier éponyme peine à sortir de son statut de simple décor. Peu de surprises et peu de rebondissements dans ce film aussi chargé en testostérone (poids du patriarcat oblige) qu'en musique, qui parvient cependant à faire exister des personnages singuliers, la grand-mère et le chef du groupe (dont les interprètes livrent une super performance), mais aussi le meilleur ami, amoureux maudit, et le protagoniste, flic français d'origine tamoule, qui tentent de se défaire comme ils peuvent de ces conflits. Mais le film pâtit malgré lui de ses excès.