Poupée Rustre

Living With Chucky est un petit documentaire qui revient sur la saga de la célèbre poupée tueuse rouquine en salopette. Le film est réalisé par Kyra Elise Gardner qui n'est autre que la fille de Tony Gardner lequel travaille sur les effets spéciaux des Chucky depuis Le Fils de Chucky en 2004. Et d'histoires de familles il en sera beaucoup question dans cette rétrospective datant de 2022, même si le cousin un peu bâtard (le remake de 2019) n'a soigneusement pas été invité à la fête.

Living With Chucky commence de manière un peu classique et paresseuse avec une rétrospective chronologique des différents films servie par un mélange d'entretiens, d'extraits, d'images de tournage et d'anecdotes. Ce n'est pas désagréable, c'est parfois instructifs, on sent que les intervenants sont impliqués et assez variés mais dans l'ensemble tout cela reste assez superficiel et évasif. Inutile d'espérer une exploration en profondeur des différents films et des analyses pointus tant on a la sensation d'un simple inventaire survolant les sept films de la saga avec en bonus une très courte évocation de la série (mais la date de tournage du documentaire explique sans doute cela). Le petit plus attrayant dans cette évocation des différents films reste les courtes digressions thématiques sur divers sujets comme les enfants stars, les animatroniques, les liens de la saga Chucky avec la communauté LGBT ou les effets spéciaux physiques face au tout numérique, mais là encore on reste dans l'évocation bien plus que dans l'exploration. On sent que Kyra Elise Gardner a utilisé le carnet d'adresses de papa pour inviter quelques intervenants plus ou moins pertinents qui sont en dehors du stricte cercle des Chucky mais qui ont tous travaillés avec son paternel. C'est le cas de Elle Loraine (Bad Hair), Abigail Breslin (Zombieland), Marlon Wayans (Les Sextuplés) ou Lin Shaye … Après même si Tom Holland et Ronny Yu deux grands noms indissociables de la saga Chucky ne répondent pas physiquement présents, c'est avec un grand plaisir que l'on retrouve les figures emblématiques de la série de films avec Alex Vincent, Don Mancini, Brad et Fiona Dourif, Jenifer Tilly, Chritine Elise, David Kirshner, Billy Boyd ou John Waters a qui l'on doit quelques interventions très drôle comme lorsque pour évoquer la copulation entre Chucky et Tiffany il évoque la sexualité tabou des monstres car on a jamais vu Godzilla niquer, ni Frankenstein se masturber.

Il faudra attendre la fin du documentaire et de l'inventaire appliqué des sept films pour que enfin Living With Chucky prenne une dimension plus originale et touchante car Kyra Elise Gardner se présente enfin et explique le lien presque familiale qu'elle possède avec la poupée tueuse et les différentes équipes des films. Cette notion très générale de famille prend alors toute sa pleine mesure et différents niveaux de lecture lorsque le différents intervenants expliquent les liens qu'ils on finis par tisser entre eux. Sans trop de langue de bois et en évitant le discours trop promotionnel du tous formidables on sent que Don Mancini est très attaché à réunir toujours les mêmes personnes autour de l'univers Chucky. C'est certes aussi par soucis d'efficacité et d'économies (une équipe qui se connaît parfaitement travaille plus vite) mais les différents intervenants évoquent des liens très forts entre eux comme Christine Elise figure de grande sœur pour Alex Vincent, Don Mancini très proche de Fiona Dourif au point de la considérer comme sa meilleure amie ou Brad Dourif et Jennifer Tilly très complices quand ils se croisent. Living With Chucky évoque aussi et forcément la relation père/fille avec la très belle et douce complicité entre Brad et Fiona Dourif qui sont interviewé ensembles et bien sûr le regard que porte Kyra Elise sur son père Tony. Les deux jeunes femmes ont connues une relation étrange à Chucky en traînant alors qu'elles étaient toute gamines sur les plateaux de tournage. Fiona Dourif se souvient avoir été traumatisée en écoutant son père doublant la mort agonisante de Chucky dans les flammes et Kyra Elise Gardner se souvient elle de son père décapité par Chucky et Tiffany ou de s'être réfugiée en pleurs dans sa chambre lorsque son père avait négligemment laissé traîner les deux poupées sur le canapé du salon. Le documentaire évoque aussi les difficultés pour maintenir le lien avec ses proches lorsqu'un tournage se déroule loin des cocons familiaux et même si on ne va pas non plus trop les plaindre (Ils ne partent pas non plus pour une mission suicide de six mois en Irak) on sent que le cinéma n'est pas non plus que rêve, strass et paillettes mais aussi doute, déchirement et solitude. En élargissant encore le concept de famille Living With Chucky évoque aussi les fans de la saga et leur rapport aux différents acteurs (au sens large du mot) de l'univers Chucky. L'occasion pour Christine Elise de dire que les fans d'horreur sont souvent les personnes les plus douces et respectueuses du monde du moins lorsqu'elles sont face à vous car une fois cachés dans l'univers de la virtualité elles peuvent en revanche d'un coup devenir d'une grande injustice et d'une profonde violence et méchanceté

Un poil paresseux et scolaire au début puis plus bordélique mais touchant dans sa dernière partie, Living With Chucky constitue une chouette exploration de l'univers de la poupée tueuse.