Pourquoi Logan se veut dépasser le film de Super-Héros


Logan raconte l'histoire de Wolverine, des décennies après ses aventures cinématographiques connus jusqu'alors et dans un univers qui nous perd vis-à-vis de nos références de la franchise. Exit les environnements tout en technologies pimpantes, bonjour les espaces ouverts et désert ainsi que les costumes à la Mad Max.
Que sont devenus les X-Men ? Qu'arrive-t-il à Wolverine ? à Charles Xavier ? où sont les mutants ? Un univers qui ne livre ses réponses qu'en filigrane ici et là, sans doute pour mieux nous concentrer sur l'ici et maintenant de cette nouvelle aventure, un peu à la manière d'un "LA Route", autre aventure post appo qui a bien pu être une influence du métrage présent à plus d'un titre.


Derrière ces partis pris, et plus encore derrière celui de mettre en jeu un Wolverine empoisonné, imbibé d'alcool soit un Wolverine souffrant et faible, il me semble que l'on peut voir là une véritable ambition de se démrquer des autres productions actuelles du genre.
Wolverine n'est plus ce super héros à l'épreuve des balles qu'on a connu dans d'autres films et il n'est certainement pas capable à lui seul de stopper un train par sa seule force. Non, ce Wolverine-ci ne sait d'ailleurs même plus courir cent mètres sans haleter, bien loin de ses exploits d'antant.
Et ce choix notamment d'en faire un personnage si faible (cela reste relatif) pousse à devoir lui proposer des combats et une quête à sa mesure : il ne va pas sauver le monde d'une tripotée d'extraterrestres venus terraformer notre planète, ni contre un mutant millénaire qui veut anéantir les humains non-mutants, cotre une I.A. qui a mal tourné ou encore moins sorcière du gouvernement qui a retourné sa veste. Non, ici la quète est plus intime et ce sont ses proches que le super-héros veut protéger.
Ce parti pris nous rapproche donc du personnage, nous fait d'avantage vivre avec lui et ressentir ses blessures là où les autres productions ne sont généralement plus que des longs-métrages en feu d'artifice, du grand spectacle qui se veut donner toujours plus dans la surenchère et les explosions. Il se concentre davantage encore sur les relations qu'il peut nouer et l'évolution de celles qu'on lui connaît.
En somme, Logan peut bien réussir à faire ce film de super-héros qui n'en est pas un là où Deadpool (qui le promettait) s'est lamentablement vautré en épousant parfaitement les codes du genre et là où Dc Comics a essayé de faire du super héros plus mature et réfléchi (avec Batman V Superman tout au moins. Suicide Squad ayant été un échec autrement plus cuisant que Deadpool) en restant malgré tout dans le spectaculaire.


Par ailleurs, et si ce constat n'est pas sans rapport avec le fait que les mutants sont sensés avoir disparus en grande partie dans l'univers de ce film, j'ai remarqué cette quasi absence des pouvoirs à l'écran. On note bien les griffes du personnage principal, les crises aussi du professeur ou encore quelques autres en fin de film, mais dans l'ensemble les dons spectaculaires qui assaisonnaient généreusement les précédents films X-Men pour ne citer qu'eux sont quasi absents (et parfois même invisibles avec un mutant capable de ressentir l'approche d'un mutant ou de le pister - dans un univers où les mutants sont quasiment éteints, je le rappelle).
Notons que Logan est le nom humain donné au personnage bien connu tandis que Wolverine est davantage un pseudonyme mutant !


Avec son film, James Mangold nous propose ainsi un film de super héros où les super héros, les pouvoirs sont absents, un film en contrepoint de ce que l'on voit ailleurs aujourd'hui et c'est sans doute là que son long métrage trouve toute sa force. Dans une époque où les super héros pullulent sur grand écran avec une recette toute faite (et même exploitée sans vergogne du côté Marvel Studio) et en se démarquant même des films de sa propre saga (un peu à la manière des parutions dites "what if" mettant en scène des univers alternatifs en comics) Logan a donc de quoi surprendre et de quoi faire respirer surtout.


Un dépassement qui ne se fait pas sans critique


Qu'est-ce là ? Une Bande dessinée des Xmens présents dans le film ? Et encore une autre ici ?!
James MAngold a en effet utilisé des parutions de l'équipe des X-men qu'il a disséminé au grès de son métrage mais non pas simplement à la manière des simples "easter eggs" que l'on pourrait voir ailleurs. Au contraire, il les utilise même dans sa narration et nous colle le nez dessus là où on essaye de les cacher ailleurs.
De là à dire qu'il s'en sert également pour faire passer un message il n'y a surement qu'un pas à faire et je le fais sans hésiter :


"Ce ne sont que des histoires : dans la vraie vie les gens meurent vraiment !" crie Wolverine à sa protégée quand elle lui montre l'un des fascicules.
Ce n'est pas la vrai vie, dans la vraie vie on est blessé, on souffre et on se bat pour survivre. Dans la vraie vie on ne surmonte pas une balle tirée dans la tête, on ne sauve pas le monde à coups de poings. La vraie vie ce n'est pas comme dans les Bds, donc... ni comme dans les films ?


Tout le film, ne serait-ce qu'avec ses partis pris en contrepied de ce qui se fait aujourd'hui, me semble critiquer ce manque de réalisme que l'on voit ailleurs. Et c'est également là que tire sa force Logan : on pourrait croire à un simple thriller mettant en scène la poursuite d'un homme et de sa protégée par des forces gouvernementales scrupuleuses, ne prenant plus garde aux notions de mutants ou de pouvoirs et ce presque sans que cela ne gène véritablement dans ce qui nous y est raconté.
Logan est loin des univers édulcoré des films de super héros et se refuse toute concessions concernant ce qu'il doit montrer des blessures et de l’horreur des coups portés. Logan est non seulement ce film plus intimiste déjà montré plus haut, mais aussi plus réaliste en refusant ces codes si respectés par la concurrence. Il met ainsi ces fameux codes en avant aux grès des comics pour les railler au passage et s'expliquer aussi au spectateur.


C'est même un élément majeur de la génèse de Wolverine en tant que super héros qui le tue à petit-feu ici : l'adamantium mis sur son squelette et ses griffes serait ce qui l'empoisonne et l'empêche de se régénérer. Un comble, certes, mais sans doute pas anodin non plus ici !

Jonathan_TJo
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le 22 mars 2017

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Jonathan TJo

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