Attention, beaucoup de spoilers, nécessaires pour analyser la mécanique du film.


En cette année 2012, Looper est un film qui s’est taillé une bonne réputation, empruntant beaucoup au Terry Gilliam de l’armée des 12 singes (les pauvres qui abondent dans les rues) pour façonner des jeux de boucles temporelles plutôt amusants. Toutefois, est-ce parce qu’on voit un peu d’originalité avec Bruce Willis qu’il faut s’extasier ?


Oui, Looper cultive les bonnes idées. C’est bien simple, la première demi-heure est une merveille d’entrée en matière. Un vrai concept qui ouvre des perspectives de fou et une interface très ludique avec les voyages dans le temps. Tout est finalement bien rodé, pourvu qu’on ne renifle pas trop vers les prétextes (renvoyer un corps dans le passé coûte moins cher que de le faire couler au fond d’un lac ? La police ne s’est jamais intéressée aux Loopers alors que toute la population est au courant ?), pour tenir là une œuvre sympathique qui va jouer avec des codes que nous connaissons. Avec en prime quelques bons petits concepts, comme effectivement de clore la boucle (mais une chose me turlupine : pourquoi faire exécuter au tueur son propre futur (le risque étant très grand de le voir foirer son coup) alors qu’il serait plus simple de l’envoyer à un autre looper (en économisant du coup les lingots d’or) ?) ou encore le coup du chirurgien.


Un gars qui voit des parties de son corps disparaître en comprenant que son « présent » est en train d’être torturé et mis en pièces par ses poursuivants, c’était effectivement un truc à faire au cinéma.


Joe, notre héros, est un tueur conscient que son espérance de vie est limitée et qui ne fait que profiter du temps présent (sa drogue lacrimale, qui procure des mouvements de caméra si Gilliamien…). Jusqu’à ce qu’il voit son ami briser sa boucle, et que son double lui apparaisse lui aussi au cours d’une exécution. A partir de là, c’est une nouvelle boucle temporelle qui commence. Et c’est là que ça commence un peu à cafouiller dans le script. En effet, la connerie est faite, et le héros commence à avoir tous ses anciens potes loopers à ses trousses. Le problème, c’est que si il ne montre pas la boucle temporelle initiale, le film ne fonctionne pas, puisqu’on ne sait pas ce qui change (c’est con, hein, de se retrouver prisonnier de son concept ?). Du coup, il nous montre ce qui se passerait si le looper avait tué son passé. Les années passent, il bouffe son fric, il a une coupe de cheveux ringarde, puis Bruce Willis apparaît avec la même coupe (désolé, sans transition digne de ce nom, je continue à voir deux acteurs différents), et vit son futur heureux jusqu’à la date fatidique où la mafia le retrouve. C’est la boucle de base. Mais ici, elle n’existe pas, puisqu’en la brisant, tout se met à partir de travers. Willis voit son ancienne vie disparaître de ses souvenirs vu que son présent ne vit plus les mêmes choses, Joe présent est d’humeur fluctuante vis-à-vis de son futur… Jusqu’à ce que Joe aille dans une ferme et commence à s’enticher de la fermière qui y vit. Et là, on entre dans la partie chiaaaannnnnte du film. Si l’impact sur Willis est logique, voir Gordon Lewitt vivre la vie à la campagne, ça nous casse les noix. Et quand on voit le môme qu’il est obligé de se coltiner, mon Dieu. On se demandait à quoi servait le pseudo truc de la télékynésie, cherchez plus, c’était juste pour donner au môme une pseudo importance. Sinon, n’importe qui de normalement constitué le découperait en morceau avant de mettre sa tête sur un pieu. Parce qu’arriver à un tel degré de prétention et d’impolitesse, venant d’un morveux de 5 ans, ça donne des envies de meurtres. Surtout qu’il est laid, ce gosse. Bref, Looper termine mal, quand on voit le dénouement, tout ça pour ça, ça coupe un peu le souffle, dans le mauvais sens du terme. Mais bon, on en retiendra surtout la première moitié, rythmée et pas dépourvue d’idées.

Voracinéphile
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films sur le voyage temporel

Créée

le 15 déc. 2015

Critique lue 386 fois

2 j'aime

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 386 fois

2

D'autres avis sur Looper

Looper
Before-Sunrise
8

Terminakira

Il est toujours délicat de faire un film sur une boucle temporelle par le simple fait que pratiquement le voyage dans le temps est irréalisable. En théorie, ça fonctionne mais point barre. Certains...

le 10 nov. 2012

124 j'aime

15

Looper
Hypérion
6

Dans le futur, personne ne fait mouche à plus de quinze pas....

Petit aparté avant de commencer cette critique. Toi mon voisin de droite de la salle de ciné de l'UGC des halles, toi qui a cru que tu allais voir Expendables 3 parce que Bruce Willis avait un gros...

le 4 nov. 2012

112 j'aime

46

Looper
zombiraptor
7

Et dire que j'ai failli looper ça...

J'avais quand même réussi à me préserver de toute info sur ce film, m'immunisant presque contre la plupart des préjugés de rigueur sur une production de SF multi-référencée et me promettant encore...

le 7 déc. 2013

59 j'aime

21

Du même critique

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

99 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36