Un film avec de l'ambition. Oui, une méchante ambition d'émerger de la scène Allemande et d'aller rafler quelques récompenses à l'international. Une ambition de reprendre des codes esthétiques, de les sublimer pour faire de cette pellicule une tête de pont du cinéma Allemand.
Sauf que..


Sauf que les partis pris de réalisations sont bidons.



  • La shaky cam : tous les plans sont portés à l'épaule. Pour symboliser l'urgence et la fébrilité dans laquelle se trouve cette famille qui perd la protection du Führer? Soit, mais l'intrigue est réellement difficile à suivre, surtout quand on en vient aux scènes de dialogues

  • Le cadrage : plans près visages, coupants les corps et les têtes n'importe comment. Gros plans sur le milieu du corps, effet de changement de focus alors qu'il n'y a rien à l'avant ou l'arrière plan. Des plans incompréhensibles et pas franchement beau.

  • Les dialogues. On se la joue je ne sais pas quoi, des dialogues brefs et définitifs, expédiés à voix basse, en se détournant systématiquement son interlocuteur. On a connu plus élégant pour suggérer la perte de confiance au sein d'une famille

  • Les couleurs. La nature vert fluo, l'eau bleue turquoise. Qu'est-ce que c'est que ce travail des couleurs? La sur-saturation désamorce totalement le caractère lugubre et suggestif des forêts dans lesquelles se cachent les héros, les mêmes dans lesquelles on décimait des semaines avant l'intrigue des bataillons de juifs et de slaves.

  • La fixation de la caméra autour des corps à peine mâture de la fille, et lisse de la mère. Pour le coup, si les corps sont joliments filmés, on ne comprend pas très bien ce qu'ils symbolisent.

  • Enfin, la détestation des juifs par les petits aryens n'est pas très bien jouée, même si elle reste saisissante.


Le contre-pied de la fuite de ces jeunes Allemands, devenus clandestins dans leur propre pays, dont les parents nient la chute d'Hitler reste poignante. Le petit qui dépérit génère une tension constante, soutenue avec plus ou moins de maladresse par la musique, nous donne envie d'en savoir plus. Au fil du périple, des tableaux saisissants viendront saisir notre imagination, maintenant ainsi l'attention entre un désintérêt formel et une curiosité obligée.


Mais pourquoi faire de ce potentiel magnifique film une sorte de manifeste esthétisant de film indépendant. Comme si les convictions du réalisateur venaient se mettre en travers d'un beau moment de cinéma.

Fabrizio_Salina
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le 24 août 2015

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