Los
7.9
Los

Film de James Benning (2000)

Volet central de la trilogie californienne de James Benning Los demeure certainement l'un des films les plus denses et fascinants de son auteur. Reprenant le même postulat que dans El Valley Centro ( ce landscape film n'est ni plus ni moins qu'une exploration des mouvements et des variations effectués au coeur de 35 plans d'égale durée ) Benning signe là un road-movie à la fois visuellement dense, hypnotique et constellé de formes tour à tour singulières et géométriques.


S'astreignant à borner chacun de ses plans dans une logique centripète doublée d'une durée arbitraire régissant leur trajectoire événementielle le cinéaste-mathématicien livre une équation particulièrement sidérante : 150 secondes par 35 vues... autant d'étapes et/ou de relais offerts à notre regard d'observateur, véritable trip indurant notre persistance rétinienne au gré de circulations spatiales convergeant vers le centre d'un cadre imperturbablement fixe.


En formidable auteur embranchant ses films en un réseau proprement mature et cohérent Benning fabrique donc Los sous le signe de la contrainte : il faudra donc un peu moins de trois minutes à chaque plan pour capter un parcours, un cheminement, une divagation ( citons pêle-mêle le spectacle d'une poignée de joggers déambulant dans une agglomération brumeuse, la vision complexe d'une voirie surplombée de couloirs aériens esquissant des passages de Boeing 747 ou encore l'observation d'un trafic routier régulé par des feux tricolores hiératiques...).


On pense d'une image à l'autre à tout le Cinéma de James Benning, à cette rigueur algébrique constituant le point névralgique d'une Oeuvre intégralement dédiée à l'auscultation du temps et de l'espace ; qu'il s'agisse du dispositif du superbe Casting a Glance ( hénaurme landscape film dont chaque plan fait office de réécriture par rapport au précédent ), des apparitions rémanentes des trains de RR ( hommage étonnant aux vues cinématographiques des frères Lumière ) ou des dix plans séquences du somptueux Ten Skies les travaux de Benning forment un ensemble tout à fait homogène, à la croisée du contemplatif et de l'analytique. Majeur et définitif.

stebbins
9
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le 9 déc. 2017

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