"Los Angeles 2013" est un cas très intéressant, car au delà de son aspect série B sympathique, il est matière à beaucoup de réflexion. Parce que quand on s'intéresse un peu à la carrière de l'énorme cinéaste qu'est John Carpenter, on est en droit de se demander pourquoi il a pondu un tel film, qui frôle parfois le nanard au premier abord.


1996, John Carpenter, réalisateur de génie, qui a marqué l'histoire du cinéma avec des films tels que "Halloween", "The thing", "Christine" ou "L'antre de la folie", met en scène la suite de son chef-d'oeuvre (à mes yeux) "New-York 1997". Et la question que je me pose est : pourquoi ? Et au vu du film, une seule réponse me vient à l'esprit, Carpenter est auto-destructeur.


Je veux bien comprendre qu'au travers de ce film, l'auteur avait l'intention de faire un gros doigt d'honneur à toute l'industrie hollywoodienne, qu'il voulait démontrer (et démonter) les travers d’une société américaine qui part à la dérive. Mais en faisant cela, n'était-ce pas aussi se tirer une balle dans le pied ? Où alors, l'a-t-il fait trop maladroitement ?


Pour sa démarche, Carpenter choisit de faire un remake de son propre film « New-York 1997 », et de démystifier tout ce qui faisait l’aura de son film culte. J’admets tout à fait qu’il n’y avait pas meilleur personnage que Snake Plissken pour tendre un doigt d’honneur, mais le réalisateur n’a-t-il pas été trop jusqu’au boutiste dans sa mise en scène. Ne serait-ce que vis-à-vis de son public ? Ecorner à ce point l’image du bad guy est sacrément gonflé. Honnêtement, voir Plissken se tapait une partie de basket pour sa survie, ou surfait sur une vague en plein Los Angeles, on frise le ridicule. Tout ce qui faisait la force du film original a été tourné ici à la dérision. C’est pas bête dans la démarche mais personnellement ça me fait plus mal au cœur qu’autre chose.


En restant un minimum indulgent vis-à-vis de tout ça, le film n’est pas désagréable à suivre, si on excepte ses effets spéciaux vraiment déguelasses, mais n’arrive cependant jamais à atteindre la tension que pouvait avoir le premier opus, faute toujours à ces scènes « too much ». En plus de la scène de basket et celle du surf, je pourrais rajouter celle de la fusillade en delta plane par exemple.


Concernant le casting, il y a du beau monde dans la place, même si on se demande ce que certains personnages viennent faire là. Je pense notamment à celui de Peter Fonda, complètement bidon.
Kurt Russel, lui, pète toujours autant la classe, même affublé d’une nouvelle tenue pour l’occasion.


Pour résumer, « Los Angeles 2013 » est un film bancal à mes yeux. A trop vouloir servir son propos, Big John a trahi l’âme de son œuvre originelle, la vider de tout ce qui faisait sa force, la rendant presque clownesque. Ne nous laissant plus qu’une bonne petite série B d’action.

Créée

le 27 mars 2019

Critique lue 823 fois

17 j'aime

5 commentaires

jérômej_

Écrit par

Critique lue 823 fois

17
5

D'autres avis sur Los Angeles 2013

Los Angeles 2013
drélium
4

Escape from là

Des années, 1996 en fait..., que je n'avais pas vu ce très mauvais souvenir effacé à jamais de ma mémoire sans véritable succès puisque l'image du surf sur Tsunami et des deltaplanes armés...

le 10 juil. 2013

57 j'aime

107

Los Angeles 2013
Daryush
7

Sad story. You got a smoke ?

Génial, tout simplement génial ! Que faire quand vos producteurs vous demande de refaire un de vos meilleurs succès et rien d'autre pour des raisons purement financières ? Les envoyer chier ? Psss ...

le 13 janv. 2011

51 j'aime

8

Los Angeles 2013
Pravda
7

Appelle-le Snake, encore.

On propose à John Carpenter un bon gros paquet de fric pour réaliser une suite à New York 1997 et redonner vie à son cultissime Snake Plissken, à condition d'en faire un bon gros film commercial qui...

le 28 janv. 2014

35 j'aime

10

Du même critique

Nobody
jérômej_
7

Nobody's perfect ?

Je ne sais pas si c'est la quarantaine, ou le fait d'en avoir vu pas mal, mais en terme de film d'action, j'avoue que depuis quelques années, je suis de plus en plus blasé. Je crois que le dernier à...

le 17 avr. 2021

63 j'aime

34

Les Autres
jérômej_
9

Les Autres

A quoi reconnait-on un grand film ? Voilà une question qui pourrait ouvrir un vaste débat sans fin sur notre petite communauté de cinéphile. Personnellement, et après un énième visionnage, je pense...

le 29 déc. 2020

61 j'aime

15

Mourir peut attendre
jérômej_
5

Meurs un autre jour

Critique avec spoilers, passez votre chemin si vous n'avez pas vu le film. Cela faisait un bon moment que je n'avais pas posté de petite critique, mais là, l'envie m'a pris de vider mon sac, car...

le 12 oct. 2021

60 j'aime

55