Lost Highway porte bien son nom : au début et à la fin, il y a une route, et entre les deux, on est

Un Lynch, c'est un Lynch, ce n'est rien d'autre, Lost Highway en est une des plus grandes preuves. Ce genre de films dont les interprètations multiples qui donnent souvent d'énormes paragraphes de cent-cinquente lignes auront toujours le sens d'une scène inexpliqué qui brisera toute la théorie. Mais on peut au moins être sur d'une chose pour baser ses analyses : le film est un voyage absolument bluffant dans l'inconscient et l'esprit d'un véritable sociopathe.

Comme autre seul repère dans l'histoire, on peut aussi noter que le film se découpe en deux parties très distinctes qui suivent à leur tour deux personnalité du personnage principal dans ce qui semble être le même évènement vu sous un angle différent et "innocent", la première partie se terminant en effet sur l'enfermement de celui-ci parce qu'il aurait tué et découpé littéralement en lambeaux sa femme, Renée, chose dont il n'arrive pas à s'en souvenir pour une raison qu'il ignore mais qui le mènera à une condamnation à la peine de mort sur chaise éléctrique.

Et si on peut bien dire que c'est à partir de là que le film tangue vers une deuxième partie dont on ne saura le rapport avec la première qu'à la fin du film (si d'ici-là vous pourrez comprendre de près ou de loin ce qu'est le film (et ce qu'il n'est pas aussi)) ou en comparant les deux d'une manière générale, on peut dire surtout que c'est à partir de ce moment précis que les interprètations diffusent littéralement : rêve, vue de l'esprit, boucle temporelle, remise en question de l'inconscient...Etc. Et c'est justement quand on essaye de comprendre chacun des symboles que le maître David Lynch a utilisé dans la construction de son film, dont un mystérieux personnage dur à saisir (source de paranoïa, côté obscur du personnage ?), on se rend compte à quel point son intrigue est vraiment travaillée dans sa complexité et que Lost Highway est tout sauf un simple film "inexplicable" (et à en lire les nombreuses analyses sur le net, pas inexpliqué non plus).

Mais, même si on au final on ne comprend pas grand-chose au film, on peut toujours admirer la façon dont Lynch a mis en scène la première partie du film, véritablement angoissante, déroutante et effrayante, et c'est d'ailleurs à cause de cela qu'on ne peut s'empêcher de pester contre une deuxième partie plus conventionnelle. On peut aussi comme moi, pauvre jeune de 12 ans, ne pas vraiment apprécier les très nombreuses scènes de sexe présentes dans le film (Lynch reste quand même au minimum pudique et ne révèle jamais de nudité intégrale mais ça reste LE point que je n'aime pas dans les Lynchs pour l'instant), et j'en profite pour poser mon habituel avertissement-sans-utilité-aucune sur la teneur du film, qui passe de scène de sexe, à vision hallucinée terrifiante, à ensuite violence (souvent très) sanglante (on nous propose même une virée chez une troupe de cinéma pornographique).

On a aussi un très beau travail sur la bande-son, très glacée mais jamais utilisé à tort, ainsi que, comme la majorité des Lynch, sur la photographie, qui donne un résultat artistique très fort. Enfin, le casting est très bon, mention spéciale pour Patricia Arquette, qui incarne au départ un personnage plutôt secret et fragile puis dans la deuxième partie une femme fatale, fascinante et intriguante, comme tout le film, d'ailleurs.

Conclusion : Au final on a tout de même un excellent puzzle de l'inconscient si on essaye de le comprendre malgré le fait que cela n'est même pas forcément possible jusqu'au troisième visionnage sans regarder directement sur wikipédia (remarquez que c'est plus simple et que ça économise du temps). Et dire qu'on en parle comme étant seulement une sorte de génèse de Mullohand Drive, j'ai de plus en plus hâte de voir ce dernier !
vivien-B
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le 10 mars 2012

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