Les premières minutes sont assez belles, mais malheureusement assez trompeuses. La battle promet de belles scènes autour du hip hop, puis L'entrée en scène de la prof annonce une profonde réflexion sur la poésie et la poétique :


"Readind a book will change what you know
Reading a poem will change who you are"


Puis, le personnage principal, Coco, évolue depuis le rap jusqu'à la poésie, laissant comme un goût amer dans la bouche : pourquoi dissocier ainsi les mots du rap et ceux de la poésie ? Certes un passage du film plante un semblant de débat sur l'évolution sexiste du rap commercialisé et sur le fossé creusé entre ce dernier et le hip hop populaire ; cependant, la réalisation n'est pas assez poussée pour entrer réellement dans le sujet, ni pour comprendre le dilemne qu'aurait pu affronter la rappeuse en découvrant l'écriture poétique.


Puis arrive la scène de slam poetry, intéressante et bien filmée, qui aurait pu être le pont entre les deux mondes que traverse Coco, mais qui finalement se noie dans l'émotion d'une histoire d'amour naissante.


Et enfin, le vu et revu, le pathos qui s'incruste au beau milieu du film, avec sa musique et ses plans rapprochés... ou comment transformer un film sur le rap et la poésie en comédie romantique sortie d'un fond de tiroir.


Quel dommage, un film qui commençait si bien, et surtout qui avait le mérite de traiter le rap AFRO au féminin. Même le personnnage n'a pas su tenir ses promesses féministes et engagées plantées dans sa premiere battle... car finalement elle succombe aux charmes de son poète, et tout s'effondre autour d'elle, la caméra ne filme plus que son amour pour lui, son amour pour elle, leur amour éternel, grand et poétique et blablabla.


Bref, j'ai décroché alors que ce film figurait dans ma liste "à voir absolument" et finalement, à quelques minutes de la fin, j'ai levé mes yeux de mon téléphone et me suis replongée dans le film lors de cette scène très bien filmée de Coco qui rappe devant un large public. Je me suis dit "enfin" : la rappeuse faisait son retour. Gros plan sur sa robe bleue, le public en délire et ses mots chantant, rappant, slamant, déclamant... tout à coup le plan sur son mec, son poète, la tension qui retombe, merde, le réalisateur nous ramène à l' histoire entre les deux... zut !

SoyAne
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le 31 mai 2018

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SoyAne

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