Tout pays producteur de films en quantité importante livre forcément des comédies romantiques. Le genre n’a quasiment que des avantages : peu cher et avec une formule scénaristique connue et éprouvée, il ne peut décemment pas perdre d’argent. Un des ingrédients majeur du genre tient à son casting. Certains acteurs se sont d’ailleurs spécialisés dans l’exercice. Citons Hugh Grant ou Meg Ryan. A Hong Kong, une des habituées de ce type de film, c’est Sammi Cheng. La chanteuse a incarné à la perfection « l’office lady » typiquement hong kongaise dans des films comme Needing You ou Summer Holiday. Malheureusement, elle s’est depuis retrouvé enfermée dans le genre et, à force d’enchainer les comédies romantiques, une certaine lassitude s’est installée chez elle et le public. Love Contractually ne va pas changer la donne.


Katrina Ye (Sammi Cheng) est la directrice d’une puissante compagnie d’assurance. Si sa carrière professionnelle est à son zénith, ce n’est pas le cas de sa vie personnelle. En effet, toutes ses relations romantiques finissent par échouer. Désespérée, elle décide d’abandonner toute idée de trouver le grand amour et choisit de devenir mère. Pour ce faire, elle publie une annonce pour un poste d’assistant. Un bon moyen pour elle de sélectionner qui serait le père idéal. Elle porte son dévolu sur Bo (Joseph Chang), un coursier qui a besoin d’argent pour payer les soins de son neveu.


4 ruptures, une naissance


On l’a dit, les comédies romantiques obéissent à une formule établie qui a fait ses preuves d’un film à l’autre. C’est donc moins l’intrigue proprement dite qui compte que la manière de la traiter. Des petites touches d’originalité, un sens de la subtilité et la captation des sentiments sont les éléments les plus importants auxquels doit veiller le réalisateur. Or, Liu Guo Nan (ancien assistant régulier de Zhang Yimou) ne semble pas faire preuve de ces qualités tout au long du métrage. Son ressort comique, la personnalité très « classe ouvrière » de Bo confronté au monde des PDG et aux exigences abusives de Katrina, demeure le même tout au long du récit et est exploité de manière tellement caricaturale qu’on a du mal à croire aux événements décrits. Plus grave, l’histoire d’amour proprement dite apparait constamment forcée. Il n’y a jamais d’alchimie entre Sammi Cheng et Joseph Chang qui pourrait nous faire croire à leur amour. Et ce ne sont pas les diverses tentatives de twist dramatique (un trauma en carton pour justifier le comportement abusif de Katrina par exemple) qui arrangeront les choses. Là encore, le sentiment qui domine, c’est l’artificialité et pas la combinaison de passion et de drame que recherche le réalisateur.


French Kiss


Sammi Cheng a sa part de responsabilité dans l’échec du film. Certes, sa garde-robe est impeccable mais on la sent passablement désintéressée par son personnage. Son jeu est froid et vide. Joseph Chang lui, peut-être parce qu’il est encore relativement frais au sein de l’industrie, se montre davantage motivé. Et s’il ne peut pas faire de miracle avec le scénario dont il dispose, il parvient tout de même à rendre Bo attachant. Le public féminin (ou masculin d’ailleurs) appréciera particulièrement sa facilité à faire tomber sa chemise… Détail amusant, la France occupe une part importante du récit, une bonne part du final se passant dans l’Hexagone, entre Paris et la Normandie. Ceux qui ont toujours rêvé d’entendre Sammi parler Français (incompréhensible) ou la voir chalouper au son de Bambino dans un jardin normand sauront apprécier !

Palplathune
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le 6 mars 2017

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Claire4478
6

Romance chinoise en Normandie ! ;-)

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