Suite à l'édition 2017 du festival des Hallucinations Collectives, j'ai envie de retenir "Love Hunters" pourtant au sein d'une sélection de qualité. J'ai vu et aimé "Jane Doe" et "Message from the king" de deux auteurs déjà salués, mais ce film ose davantage à mes yeux et sort clairement de nulle part.


Premier film de Ben Young, auteur australien, racontant le kidnapping d'une jeune lycéenne tourmentée par un couple aussi tordus que dérangés. Le sujet fait écho au célèbre "Wolf Creek", et fait écho à de nombreux faits divers similaires notamment dans la région de Perth. Ce malaise ancré dans le réel donne logiquement naissance à plusieurs oeuvres abordant ce sujet difficile.


On pourrait imaginer ce type de crime s'opérer dans un lieu isolé de surcroît facilité par l'immensité de l'Australie et de ses zones désertiques (bush) mais non, ici l'horreur s'invite dans un lotissement de la middle-class. Le réalisateur joue d'ailleurs de cette localisation pour déboucher sur un derniers acte stressant à souhait.


L'intelligence de ce film, est d'évacuer la dimension "Wolf Creek-like" en se focalisant non pas sur la victime mais sur les bourreaux. Ben Young brouille les pistes en laissant sous-entendre que n'est rien évident et amène énormément de dramaturgie psychologique pour comprendre les motivations de chacun. A ce titre, la révélation du casting est Emma Booth, personnage principal faible, redevable et escroqué. Un rôle intense dont la clé de l'intrigue repose sur ses épaules. Un portrait de femme blessée et amoindrie assez juste et émouvant.


L'horreur sera davantage psychologique en laissant le spectateur libre de l'interprétation quant aux réels actes et motivations. Donc oui, le film est dur à encaisser, mais le PG16 est une fois de plus abusif à mes yeux surtout lorsque l'on connaît la fragilité de ces petits films d'auteurs. Le parti pris de Ben Young participe également à renforcer la tension de ce huis clos moite. On ajoute à cela une BO bien crispante, une mise en scène éthérée parfois à la frontière du clipesque et l'on obtient un bon film de genre australien supplémentaire.


Pour ma part, un film suffisamment intelligent dans sa manière d'aborder le sujet pour retenir mon attention et le recommander chaudement.

Tchitchoball
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le 29 avr. 2017

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Tchitchoball

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