Ce film est, pour l'instant, ma plus grosse surprise de l'année. Il n'est pas parfait, loin de là, et son dernier acte est même plutôt bancal. J'ai cru comprendre que ce film était le premier du réalisateur. Ce qui est intéressant avec les premiers films, c'est qu'ils développent totalement la vision de l'artiste, donnant toute son âme dans l'oeuvre, de peur que ce soit son unique. Le meilleur exemple est celui de Eraserhead de David Lynch, où celui-ci a livré toute sa vision cinématographique dans l'oeuvre, ou encore Reservoir Dogs de Quentin Tarantino; et même si ces films ne sont pas les meilleurs des réalisateurs, il apporte un renouveau au cinéma.
Et c'est ce que fait le film Love Hunters. Il arrive à apporter un vent de fraicheur dans les films traitant du kidnapping, où le motif de l'acte va considérablement changer. De plus, le film ne se contente pas d'une vision manichéenne, mais va par delà ces notions de bien et de mal.
Mon avis sera divisé en trois parties inégales, où j'aborderai les points positifs du films (I.), ses points négatifs (II.), avant d'en venir à une tentative d'analyse de certains éléments du film (III.)

I. Des points positifs du film
Je vais diviser les points positifs en deux petites parties: le scénario et la mise en scène. Le découpage sera le même pour la deuxième grande partie.
Le scénario est celui d'un kidnapping d'une jeune fille ayant désobéi à sa mère en allant à une fête. Sur le chemin du retour, un couple se propose à la ramener, en faisant un détour par chez eux. Là, ils la kidnappent, et les problèmes de la jeune filles vont commencer. En lisant ceci, vous vous êtes sans doute demandé où était la qualité dans un tel scénario. Il est aisé de comprendre les réticences sur ce point. Cependant, je pense qu'aujourd'hui la majeure partie des scénarios a déjà été appliquée de quelque manière que ce soit, et ce qui distingue aujourd'hui les films, c'est la façon avec laquelle le scénario est appliqué.
Et ici, il n'y a pas grand chose à redire durant les premiers axes du récit, les "gentils" sont bien établis, et les "méchants" arrivent à être attachants et à ne pas être de vulgaires brutes. De plus, à mes yeux, on ne voit pas les événements arriver, et sommes surpris par le déroulement de certaines scènes. La passion qu'a la femme des ravisseurs pour son époux est fascinante, presque trop (II.).


 Quant à la mise en scène, elle est juste magnifique. Ici, chaque plan de caméra n'est pas réfléchi pour son utilisé comme ce serait le cas chez beaucoup de réalisateurs (comme George Lucas), mais pour leur beauté et leur rôle dans le récit. La mise en scène en dit autant que les dialogues. Les mouvements de caméra peuvent faire penser à une sous-génération de Damien Chazelle (M. Lala Land et Whiplash), ce qui est très loin d'être un défaut. Les couleurs sont intéressantes, et peuvent faire passer à la touche de David Fincher, en moins accentué.

Venons en maintenant aux défauts.


II. Des points négatifs du film


 Comme dit précédemment, le dernier acte est mauvais, très mauvais. La scène finale est juste à vomir, avec une fin comme nous en sert Hollywood depuis des dizaines d'années, sur une musique pop, renonçant à toute l'atmosphère sombre établie précédemment. De plus, à la mort d'un certain personnage dont je tairai le nom, l'épouse n'est plus une simple gouroutisée, mais une idiote. Ses réactions sont incompréhensibles et le film part dans un festival de n'importe quoi, où on croirait que les studios ont forcé une happy end, au grand mécontentement du réalisateur.
Quant à la mise en scène, rien à dire, tout est parfait.

III. Analyse de certains points


 Je pense que certains points nécessitent, si ce n'est une analyse, une mise en lumière. j'ai remarqué deux choses revenant continuellement le long du film : l'eau, et les excréments. 
Concernant l'eau, ce n'est pas un hasard, le réalisateur fait volontairement des gros plans sur l'eau présente dans le film, sur les seaux, les verres... Personnellement, je vois dans l'eau un symbole du viol. Cela peut sembler tirer par les cheveux, je vous l'accorde. Je me base sur les travaux de Mme. Françoise Dolto, qui expliquait que les enfants ayant été violés dans leur jeunesse avaient une fascination pour l'eau, qu'ils la dessinaient souvent. Je ne suis pas sur que ce concept ait put être exporté en dehors de la France, mais je pense que c'est une bonne piste. L'eau pourrait aussi symboliser la vie, la liberté.
Concernant les excréments, je ne comprend pas. Le réalisateur aime les filmer en gros plan, c'en est incompréhensible et malsain par moments, comme par exemple lorsqu'il filme l'entre jambe de la demoiselle s'étant déféquée dessus. Je ne dirai pas que ces scènes sortent du film, mais personnellement, elles m'ont interrogé sur leur réelle utilité. Je me suis demandé si le but n'était pas simplement de choquer.

En résumé, l'ai beaucoup aimé ce film, que je recommande chaudement à toute personne voulant voir un bon film. Pas le film du siècle, ni de la décennie, ni même de l'année, ce film reste néanmoins excellent, et à ne rater sous aucun prétexte !
thomas_24
8
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le 18 sept. 2018

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