Lucky Strike par L-Cdu92

Kim Young-Hoon réalise, pour son premier film, un polar sud-coréen à la structure chapitrée et non linéaire, qui peut rappeler Tarantino. L’attente est présente, tant le cinéma sud-coréen aura réussi à exporter ses polars à l’étranger et dans les festivals depuis plusieurs années. Le succès de Parasite de Bong Joon-Ho, et ses multiples récompenses, aura sûrement aidé ce film à dépasser les frontières coréennes.

Pour cette première réalisation, on suit une multitude de personnages à la recherche d’un sac d’argent pour sauver leur peau ou s’offrir une nouvelle vie.

Malgré une connaissance et une certaine maîtrise des codes du genre et une photographie loin d’être désagréable, le réalisateur, à l’image d’un élève trop appliqué, n’arrive pas à sortir d’un scénario trop cadré et qui n’innove pas. Le nombre de personnages et le manque d’empathie pour les protagonistes rendent le film un peu morne et monotone, le long-métrage n’arrive pas à impliquer le spectateur émotionnellement et le laisse sur la touche regarder une suite de rebondissements trop artificiels pour qu’on puisse s’attacher aux personnages, et le manque de mise en scène pendant une majeure partie du film n’aidant pas.

Si la performance des acteurs reste convaincante, la multiplication de procédés scénaristiques (les morts un peu inutiles et faciles) et une structure non linéaire, qui n’apporte rien à l’histoire, rendent le film un peu artificiel et donnent l’impression que le réalisateur est plus dans la figure de style qu’autre chose. Si le mélange tragi-comédie n’est pas raté et rappelle d’autres polars coréens, on sent que le film ne sait pas sur quel pied danser, n’étant pas aussi noir qu’un Memories of Murder, ni aussi absurde et « jouissif » qu’un First Love sorti au début de l’année, et ni le sens du rythme et du phrasé d’un Tarantino. Kim Young-Hoon arrive malgré tout à dynamiser sa mise en scène à la fin du film, même si on peut regretter une fin qui traîne un peu en longueur.

Enfin, si le film n’est pas désagréable à suivre et possède une certaine esthétique, il ne dynamise pas le genre et l’ensemble n’est pas passionnant. On sent, comme souvent avec les premiers films, que le réalisateur a voulu montrer beaucoup (trop) de choses, entre les nombreux personnages et le montage non linéaire.

5,5/10