Samsung & Luc Besson font un film…
Samsung & Luc Besson font un film, Lucy. Et à la fin, le spectateur se demande ce qu'il a bien pu voir. Ce qui lui donne alors l'occasion de faire un avis sur un film de Luc Besson. Et Samsung parce qu'il ne faut pas oublier le placement de la marque qui réussit à être presque aussi visible que ceux dans le dernier Transformers.
Mais revenons-en à Lucy et à son scénario qui malgré son côté relativement surprenant est très marqué par la patte de Besson. Le film débute comme un film d'action moderne relativement violent, ce qui lui permet de nous présenter Lucy, personnage principal incarné par Scarlett Johansson. Etudiante à Taipei, la jeune femme devient mule bien malgré elle pour mener en Europe une nouvelle drogue de synthèse. Pas de chance pour elle, le sac caché dans son estomac s'ouvre et produit sur son esprit des effets inattendus. A ce moment, le film prend une tournure plus fantastique à mesure que Lucy se découvre de nouveaux pouvoirs et tout en conservant une forte dose d'action. Plus métaphysique ou plus mystique selon l'avis que vous vous en ferez, la fin du film est moins claire, plus brouillonne également. Mais il est évident que cette sensation de fouillis est parfaitement voulue et maîtrisée.
Je vous disais que le film était très typique du cinéma de Luc Besson, espace, action, personnages typés… Animée par un personnage féminin fort, Lucy fait la part belle à quelques uns des grands clichés du réalisateur. Je pense tout particulièrement à la course poursuite dans Paris où quelques voitures de polices blanches seront détruites dans une carambolage entre elles. De façon générale, il est évident que ce film a été une grande occasion de se faire plaisir et la toute fin du film contient sans doute plusieurs séquences qui sont avant tout là parce qu'elles étaient possibles plus que par ce qu'elles apportaient.
Pour autant, Lucy n'est pas exempt de défauts. Les personnages secondaires sont tous très légers, les phases d'action sans êtres molles ne sont pas forcément trépidantes et la narration est très souvent "hachées", ce qui a tendance à alourdir le film.
Pour ma part, j'ai eu beaucoup de mal à m'immerger dans l'histoire. Certes intrigué par ce qui pourrait bien arriver à Lucy, j'ai tout de même eu plus la sensation de me retrouver devant un exercice de style et de réflexion que devant une histoire de science-fiction. Et ce n'est pas tant à cause du postulat de départ parfaitement imaginaire — nous utilisons bien tout le potentiel de notre cerveau ont réussi à montrer les scientifiques — qu'à cause de l'approche générale du sujet. L'exposé du professeur Norman interprété par Morgan Freeman et la vois off finale ajoutés aux divers points faibles de la réalisation ont fait que je suis resté peu crédule tout le long du film.
Si vous ne faites pas une fixation sur cette notion des 10% ou que vous vous moquez bien de la réputation actuelle de Luc Besson en France, les 90 minutes que dure Lucy ne devrait tout de même pas se révéler trop désagréables. Ce n'est sans doute pas le film du siècle mais il n'est pas terriblement mauvais non plus. Plutôt court par rapport aux grosses productions actuelles, il aura au moins le mérite de ne pas se montrer trop lourd ou trop pénible.
Dernière chose. Si vous avez le choix entre la version originale et la version française du film, ne vous jetez pas forcément tête baissée sur la première. Certes Morgan Freeman a une voix fantastique mais Benoît Allemane fait habituellement un travail formidable sur son personnage. Cela devrait vous éviter l'assez moche anglais des policiers français interprétés par des acteurs français. En tout cas moi, je vais essayer d'oublier ça.