"Lumière pâle sur les collines" : réalisation japonaise et adaptation d'un roman du prix Nobel de littérature Kazuo Ishiguro. 2 heures d'une délicieuse lenteur et d'une grande poésie. On alterne entre deux époques avec la même héroïne japonaise, à Nagasaki en 1952 et dans la campagne anglaise en 1982. Le film s'ouvre sur la jeune femme japonaise qui entame une première grossesse, et dont l'époux japonais est un jeune homme occupé à son travail; on baigne dans le Japon d'après-guerre, avec sa culture et ses codes; le temps est lumineux. Puis l'on retrouve l'héroïne 30 ans plus tard dans une tout autre ambiance; elle vit dans un cottage anglais moderne au milieu d'une douce campagne verdoyante; il pleut. La cinquantenaire, désormais veuve d'un anglais, reçoit pour la dernière fois sa fille cadette, dans sa maison qu'elle vend. Ce départ à venir fait émerger chez la jeune femme eurasienne âgée de 24 ans et née en Grande-Bretagne, le besoin de réponses aux questions qu'elle se pose sur le passé de sa mère et de sa famille. Dès les premières scènes le cadre est posé et l'on se pose également de nombreuses questions sur la trajectoire de la femme japonaise. Pour le spectateur, Nagasaki n'est pas un lieu neutre, il est chargé d'une d'histoire dramatique; l'on se doute que l'Histoire pèse lourd dans cette histoire. À la faveur des questions que la fille cadette pose à sa mère qui a tu son passé et dont les réponses sont bien maigres, on obtient progressivement les pièces d'un puzzle. Des objets du passé sont d'autres pièces qui nous déroutent, car elles ne s'emboîtent pas toujours. Le récit fait jaillir un passé vécu et un passé fantasmé, des personnages, des présences fantomatiques, des mystères, des traumatismes et de la résilience. Mention spéciale pour la photographie, celle de l'Angleterre de 1982 et celle du Japon de 1952, notamment lorsque sont présentes à l'écran la jeune femme japonaise et son amie de l'époque ; les deux actrices sont magnifiques et font irradier cette "lumière pâle sur les collines". Excellent cinéma !

Dofran
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le 17 oct. 2025

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