Le long-métrage d'animation est souvent considéré comme une oeuvre s'adressant principalement aux enfants, surtout celle des studios Disney. Ce n'est pas entièrement faux, mais chacun peut trouver son plaisir à travers les histoires qui nous sont contées. C'est le cas avec Ma Vie de Courgette, qui aborde des sujets délicats sur un ton particulier, ce qui en fait un film pour tout public.


Au début, il y a ce sentiment de voir une oeuvre pour adultes. Courgette (dont le vrai prénom est Icare) vit seul avec sa mère. Elle passe son temps à descendre des canettes de bières devant des soaps, tout en ressassant sa haine envers son mari qui les a quitté. L'environnement est nocif pour cet enfant de 9 ans, jusqu'à ce qu'un drame l'envoie dans un foyer pour enfants.


L'histoire ne semble pas accessible à un jeune public. C'est sombre, nous sommes dans une société désenchantée où la violence erre dans tout les pans de notre société. Les enfant sont abîmés par la vie et retrouve une nouvelle famille au sein de ce foyer isolé, loin des adultes et leurs travers.


Au premier abord, cela semble très caricatural. Courgette a un visage aux trois couleurs de la France : bleu, blanc et rouge. Simon est le méchant du groupe et écoute du hard-rock. Le papa d'Ahmed a braqué une banque, etc..... Mais ce ne sont que des apparences, on découvre au fil des minutes les raisons de leurs comportements, tout comme ceux de leurs parents. Ils représentent chacun un traumatisme se déroulant durant l'enfance. Leurs grands yeux expriment leurs douleurs et leurs voix, les rendent "humains" et attachants.


Doucement, mais surement, on va être sous le charme de cette oeuvre. La magie opère et la poésie se fait ressentir dans cette symphonie avec peu de fausses notes où l'émotion finit par nous enlacer, en remplissant nos yeux de larmes de joie, comme ceux des enfants. Le pessimisme du début laisse la place à l'espoir. Les pointes d'humour permettent de ne pas sombrer dans le pathos. C'est délicat et profondément humain.


Cette adaptation du roman Autobiographie d'une Courgette de Gilles Paris est signée Céline Sciamma, réalisatrice et scénariste de Naissance des Pieuvres, Tomboy et Bande de filles. On retrouve son tendre regard sur les enfants, tout en n'omettant pas de montrer la noirceur de notre monde.


Claude Barras nous offre un peu de répit à travers sont film, en nous permettant de ressentir diverses émotions. Il filme les enfants à la hauteur de leurs grands yeux expressifs, dont on va partager les douleurs, peurs et rires. On passe un beau moment, on en sort ému et avec le sourire.

easy2fly
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le 22 oct. 2016

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Laurent Doe

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