Ce qui est vraiment bien dans ce film, c'est que même si t'y connais rien en bagnole, c'est vachement bien et c'est dans les meilleurs films de bagnoles tout à la fois. Pourtant, ils ne parlent que de carrosserie, de pistons, de carbu et de durites pendant tout le film les deux Dudes à la Chevy 55, et il n'y a même pas de courses. Le Driver parle pilotage, enfin quand il parle..., le Mechanic parle mécanique, tout le film. Pourtant, leur caisse semble toute pourrie vue de l'extérieur et inconfortable à l'intérieur mais son culte ne fait que grandir irrémédiablement au fil du métrage.

C'est un peu du Easy Rider mais pas vraiment non plus. Le trip, c'est pas la drogue avec accessoirement des motos. Là, c'est vraiment la bagnole. Entrez dans la vie de deux malades de la voiture, pas fous, pas drogués, pas alcooliques, pas fêtards, pas bavards, juste malades de voiture, qui errent sur les routes en chasse de moteurs suffisamment puissants pour engager un duel.

Et c'est du pur Monte Hellman, la classe, je fais des courbettes à perpette. Warren Oates est là aussi dans un personnage au fond assez proche de celui de Cockfighter, le quarantenaire qui n'a plus rien sauf sa passion : ici, sa Pontiac GTO jaune. Par contre, GTO comme il se surnomme est un gros mytho. Il se met en tête de défier les deux Dudes en traversant les États-Unis jusqu'à Washington DC ce qui risque de lui être fatal. Il prend bien en stop une faune colorée et quelques gorgées histoire d'égayer son voyage mais ce n'est pas vraiment mieux. Une jeune rebelle pointe son nez au hasard de la route et tente de fissurer les deux car freaks à sa manière. Mais ça ne marche pas des masses. Elle ne sait pas trop ce qu'elle fait là et ne sait pas trop où elle veut aller non plus. GTO la fait bien marrer.

Ce petit quatuor se déplace au fil des restaurants routiers à une allure bien plus pleine de vide encore que celle d'Easy Rider. Il ne se passe presque rien. Mais c'est Monte Hellman, perso, ça m'absorbe complètement. ça m'a fait un peu le même effet que Point limite Zero aussi, le bruit du moteur, le regard sur la route. Un très beau road movie plein de beaux vides silencieux, de doute et de certitude sur la liberté, un voyage dans une Amérique sauvage où les routes se croisent simplement.

(Premier film de ma liste Biloutage 2013, je ne pouvais plus attendre, d'autant que c'est un conseil ancestral de mon très cher Gewurztraminer. Merci dude.)

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le 14 déc. 2012

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drélium

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