Soyons honnête - Michael Fassbender, Marion Cotillard, stress post-traumatique – ce film avait tout pour se casser la gueule. Mais pourtant il fonctionne.
Bien sûr, Justin Kurzel n’est pas le premier à s’essayer à l’adaptation de ce qui est peut-être l’une des meilleures tragédies de Shakespeare et n’arrive pas à la cheville du brillant Orson Wells bien qu’il ne tente pas de s’y confronter. On sent alors la volonté d’ouvrir son film à un grand public du XXIe siècle et si le texte du dramaturge est sensiblement modernisé et simplifié, il reste d’une grande cohérence. De même, les quelques (rares) scènes additionnelles s’inscrivent dans un respect total de l’œuvre et de l’ambiance shakespearienne.
Pourtant, cette fidélité au texte ne fait pas de Macbeth une énième adaptation insipide, notamment grâce à son sens de l’esthétique. On peut y observer une réelle stylisation du sale, du sang et de la violence qui prend surtout sa force dans les deux scènes de bataille qui encadrent la trame narrative - l’alternance entre accélérations et ralentis tout comme la fumée flamboyante se faisant écho de l’état d’esprit dans lequel se situe Macbeth.
Bien rythmé, le film permet une excellente prestation de Michael Fassbender qui capture avec brio le basculement d’un homme honnête et brave dans une folie meurtrière guidée autant par l’avidité du pouvoir que par le Destin lui-même, comme le montre cette omniprésence des Weird Sister tout au long du récit.
La plus grosse déception se trouve être Lady Macbeth, non pas à cause de Marion Cotillard comme tout le monde l’imaginait, mais parce que son traitement est fade alors même qu’il s’agit ici d’une des plus grosses cinglées de la littérature britanique. Sa tirade mythique est expédiée avec une platitude extrême qui peine à convaincre. Le choix de ne pas montrer sa mort (peut-être pour éviter de faire de son film un nouveau meme digne de Batman ?) semble peu cohérent avec le ton du film.
Enfin, globalement, cette dernière adaptation de Macbeth semble réussir à éviter beaucoup d’écueils. Tout en donnant son interprétation du texte de Shakespeare, elle offre également un très bon moment de divertissement.