Mad Max c’est toute ta culpabilité d’homme blanc occidental qui vient gâcher le grand festin capitaliste auquel tu te régalais. C’est te montrer du doigt toi, qui après avoir tété jusqu’à la lie l’or blanc de ta mère nourricière, pompe jusqu’à la garde l’or noir de ta terre mère. Mad Max c’est l’apocalypse de la fin de l’huile de roche, d’un monde persuadé de son éternité de peuple élu donnée par Dieu, mais qui peu à peu sombre dans la violence, la prédation et le retour à l’état animal de ses origines.

Mad Max c’est un monde où la civilisation devient peu à peu floue, perdant les repères que donnait jadis l’autorité, c’est un ordre public maintenu par des flics qui ressemblent à des voyous, aussi nerveux qu’une pucelle sous acide à la veille de ses noces. C’est des voitures sorties tout droit d’une course Nascar ou du Sega Rally de tes souvenirs de gamin. Mad Max c’est la disparition, petit à petit, des derniers bouts de paradis qui permettaient naguère de retrouver un peu de son humanité et qui là ne sont même plus préservés des méfaits de l’Association des Motards en Colère.

Mad Max c’est la poussière, les blousons de cuir crasseux élimés jusqu’au sang, la vitesse qui pour une fois n’est pas chiquée, les moteurs rugissants aussi fort qu’une Boutin avec un point glissé à sec dans le derrière, la peur qui pourrit ton déjeuner lorsque tu vois les motards polluer les derniers havres de paix où tu te réfugiais. Mad Max c’est la vengeance froide, amère et aveugle qui fait de l’homme meurtri une machine implacable et de Terminator un nounours pour ma fille.

Mad Max c’est un Gibson beau comme un dieu, un acteur qui avait une carrière dramatique tracée, capable surement de tenir la dragée haute à des rôles beaucoup plus complexes que ceux qui le feront star. Mad Max c’est Hugh Keays-Byrne terrifiant parce-qu’illisible, instable et qu’on sent prêt à tout, tout le temps. Mad Max c’est ma femme laissant tomber trente minutes avant la fin parce-que trop de bruit, de violence, de fureur, trop de mise en scène rapide, nerveuse à en mériter un contrôle anti-dopage. Mais Mad Max c’est aussi une bande-originale dépassée, trop dans son époque et devenue par moments juste inaudible.

Mad Max c’est ton avenir petit blanc, petit cul serré de consommateur, petit geek qui se fout de l’avenir de ses enfants en-dehors de l’école vachement bien notée où tu vas pouvoir les placer, petit flemmard d’occidental qui a oublié que de chaque côté de se qui te serre de couilles tu as une paire de jambes qui ne consomme pas d’essence pour aller chercher ta baguette du dimanche en sortant de la messe. Mad Max c’est exactement ce qui va t’arriver si tu n’arrêtes pas de jouer au con avec ta maison !
Jambalaya
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le 4 avr. 2014

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Jambalaya

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