« FUREUR (nom féminin) :
1. Colère violente, frénétique, furie : Être en fureur, dans une fureur noire. Accès du fureur.
2. Passion, engouement irrésistible qu'on a pour quelque chose : La fureur du jeu. La fureur de vivre. »

Cette double définition montre à quel point le sous-titre ("Fury Road") traduit parfaitement l'ambiance intrinsèque du film et l'accueil qu'il provoque tout autour.


La relative unanimité que fait l'appréciation de ce quatrième "Mad Max" est loin d'être insensée. Le dépouillement du scénario devient presque une qualité, et laisse place au spectacle. La performance visuelle, et sonore, ne tombe jamais dans l'esbroufe car il y a une énorme précision dans le travail. Tout fonctionne - le rythme, la cohérence, la surprise, l'imaginaire, la beauté de l'image – pour nous entrainer dans un voyage de deux heures, et dans un univers fantastique, desquels on ne décroche jamais.
La Franchise de George Miller n'est pas réputée pour ses scénarios, pour autant l'absence relative d'histoire (ou du moins sa grande simplicité), n'empêche pas le film d'avoir une bonne narration. C'était déjà le cas pour le deuxième "Mad Max", et à moindre mesure pour le premier (qui avait plus de récit). En revanche on peut faire le reproche inverse à "Au-delà du Dôme du Tonnerre", qui malgré une histoire plus abondante était très ennuyeux, mais surtout pittoresque. Exactement comme dans "Mad Max 2 : The Road Warrior", la quatrième aventure de Rockatansky n'est qu'une continuelle course-poursuite, et ça fascine tout autant; voire plus grâce à l'aspect moderne.


La claque visuelle est énorme ! C'est époustouflant du début à la fin. Décors, engins et personnages posent l'immensité d'un monde aussi terrifiant que fascinant. Cette terre post-apocalyptique est plus aride que jamais. L'air est irrespirable sur cette planète de sable, où l'eau est inestimable et le pétrole unique subsistance qui compte. Cet univers atypique, propre à Mad Max et qui a bien évolué durant cette franchise, pourrait faire penser à la planète Tatooine de "Star Wars". Ce "Duel" (Spielberg), ou poursuite mortelle, épié(e) par des trafiquants aux airs d'"hommes des sables", a quelque chose d'une course de Podracers. Comme c'est une saga culte, ce nouveau "Mad Max" complète son univers singulier. Il y a bien-sûr les véhicules qui font partie intégrante du spectacle. Ils sont tous monumentales de fantaisies. Le chara-design aussi participe à cette monstrueuse parade. Le guitariste enflammé, les zombies déchainés, les freaks déséquilibrés..., la folie est avant tout chez ces pillards du désert. On trouve même une part de sensualité dans cette fureur visuelle. Rosie Huntington-Whiteley, Zoë Kravitz et leurs alliées sont tout en volupté, sans que ce soit incongru.
Et derrière, le son suit très bien et accompagne totalement le graphisme extraordinaire. Mais si le film n'était qu'un mariage réussit de belles images et de musique prenantes il serait juste "pas mal". Il est excellent aussi grâce à la présence des acteurs (et actrices !).


Face aux pillards, il y a donc les fuyards. C'est intéressant que la bande soit essentiellement féminine. Charlize Theron est très forte, elle donne un charisme dingue à sa Furiosa, guide magnifiquement déterminée. Elle mène vers la liberté et l'indépendance des femmes esclaves. Les "pondeuses" se déchainent à merveille, et deviennent de magnifique battantes aux allures de sirènes. C'est là qu'est embarqué Max (Tom Hardy), qui va rapidement suivre le même chemin qu'elles. Le héros de la saga est un peu en retrait sur cette aventure, et c'est aucunement problématique. Paradoxalement il ressort avec encore plus d'empathie de ce rôle de témoin-défenseur d'un combat qui n'est pas le sien. Toute cette bande est dans un échange continuellement juste. Malgré la quasi-absence de dialogues, on peut parler de performance d'acteurs, tant ils sont généreux et bons dans les regards et les expressions. Le jeune Nicholas Hoult n'est pas mauvais, mais il est le seul rôle complètement inutile du film. Ni sa romance, ni son détournement ne sont intéressant, et surtout l'un comme l'autre sont amenés grossièrement. Non pas que le reste du film soit subtil. Mais la démesure est tellement assumée et maitrisée qu'on ne prend jamais le temps de se poser de question.


Le rythme très bien mené. L'introduction fait chauffer les moteurs juste le temps qu'il faut pour attacher sa ceinture et se préparer à rester collé au siège. Après cela le film file à folle allure sans accélération trop brusque ou ralentissement gênant. C'est cette cadence constante qui aide à nous tenir parfaitement en haleine. Cette mise en scène irrespirable aide à créer un univers suffoquant, ce qui est évidement de bonne circonstance pour Mad Max.


En passant la quatrième, après une longue traversée du désert (et l'accident sur la troisième), la saga passe à la fureur blockbuster. S'il n'est pas l'ombre d'un chef-d’œuvre (parce qu'il en a pas l'ambition), "Fury Road" s'inscrira dans les blockbusters les plus marquants de sa génération tant il est époustouflant et hallucinant.

adamkesher01
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le 17 mai 2015

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Adam Kesher

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