Bon, nous y voilà. Peur de ne pas pouvoir dire grand-chose de neuf vu que beaucoup de monde a déjà couvert la Route de la Fureur en long, en large et en travers mais allons-y gaiement.


Que dire, sinon que les yeux et les oreilles ont de quoi se rassasier jusqu'à plus soif? Avec ces kamikazes blafards cancéreux fétichistes du volant et adorateurs d'un vieux dictateur asthmatique qui parlent un langage qui m'évoque pas mal le Nadsat d'Orange Mécanique, la guerrière-camionneuse qui a de quoi faire date (Charlize Theron en manchote, au sens littéral uniquement, elle est vraiment impressionnante), le héros (un peu trop?) discret qui fait le job (et qui se pose la question de savoir qui est le plus fou, lui ou tous les autres, ben c'est très certainement pas lui), un défilé de sales tronches chez les méchants, des références visuelles au second film à peu près partout, le salon de l'auto diesel-punk le plus bigarré et rutilant jamais vu - depuis des monster trucks fabriqués avec des Cadillac empilées jusqu'à des coupés des années 30 dopés à la nitro, en passant par des hérissons roulants et le plus beau camion-citerne jamais conçu -, des grands-mères qui tirent au mousquet et la cerise : un guitariste tellement inutile et ridiculement délirant qu'il vole la vedette à tout le monde dans chacun de ses plans (l'acteur a dû bien se marrer comme un petit fou)... Une bien jolie odyssée carnavalesque dont les héros plus ou moins improbables n'ont pas grand-chose à se dire mais ont tout intérêt à coopérer pour survivre, une course effrénée et pétaradante bien comme il faut (et un peu plus qu'il n'en faut même), avec un JunkieXL qui se lâche comme jamais dans son adrénaline sonore et le tout réalisé sans overdose d'images de synthèse, s'il vous plaît.


A l'inverse d'un autre George (Lucas pour ne pas le nommer) assis sur ses lauriers et trop sûr de ses effets spéciaux numériques à foison voici quelques années, Miller s'est courageusement battu pour physiquement ressusciter et étoffer le monde de fous du volant qu'il a enfanté de bric et de broc, avec une vraie civilisation post-apocalyptique cette fois tant qu'à faire. Fini les simples pirates de la route ou l'énergie au purin, bonjour la quête de liberté face à l'exploitation (celle des hommes valides pour leur sang, celle des femmes pour leur lait, et celle des plus belles pour la reproduction), et ce qui ressemble presque à une petite introduction à la théorie de la spécialisation / des avantages comparatifs de David Ricardo appliquée à une civilisation post-apocalyptique (la citadelle d'Immortan Joe produit de l'eau et du lait, Pétroville du pétrole et le Moulin à Balles des munitions). On est semble-t-il à peu près tous bien contents qu'il y soit parvenu malgré toutes ces embûches et c'est tant mieux. Peut-être qu'il convoquera à nouveau des éléments du 3 qui fonctionnaient bien pour la suite des événements, qui sait. Souhaitons bonne route à tout ce beau monde, en espérant toutefois qu'ils ne se répètent pas trop.

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le 1 juin 2015

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Jackal

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