Tourné en loucedé il y a presque deux ans dans le désert namibien et relativement discret depuis, Mad Max Fury Road s'est rappelé à notre bon souvenir lors du comic-con de San Diego avec un trailer fracassant qui s'est imposé comme une des plus belles bande d'annonce jamais réalisées. Ces 2 minutes 30 de bruit et de fureur ont mis en ébullition toute la planète cinéphile et fait monter d'un coup l'attente autour du film. Dès lors, Georges Miller n'avait pas droit à l'erreur car nombreuses furent les déceptions consécutives à des bande d'annonce sensationnelles (Man of Steel est un cas d'école) et à des notes d'intention prompts à faire baver le geek en manque d'univers originaux...
Après vision de la chose, le constat est là : Oui Mad Max : Fury Road est une tuerie, un chef d'oeuvre, une claque, un *insérez ici tout qualificatif dithyrambique *etc. Oui, le film enterre TOUS les blockbusters sortis ces 10 dernières années ! Oui, le film tient toutes les promesses entrevues dans son trailer et s'impose comme une oeuvre unique qui tranche radicalement avec le reste de la production cinématographique par son ambition, à l'instar d'un Gravity par exemple.
Ma comparaison avec le métrage de l'immense Alfonso Cuaron n'est pas innocente car comme ce dernier Mad Max est une expérience qui ne se raconte pas mais qui se vit : une course -poursuite ininterrompue de deux heures dans laquelle le spectateur est propulsé d'entrée de jeu.
C'est là, la première qualité d'un film qui fait fi de toute exposition inutile et qui n'a de cesse de rappeler que le septième art est avant tout une affaire visuelle en distillant subrepticement et par l'image des informations sur son univers et le background de ses protagonistes. A ce titre, comment ne pas louer les qualités formelles d'une oeuvre à la direction artistique barrée et où chaque plan contient dix idées de mise en scène qui en plus de transcender des morceaux de bravoure furieusement épiques relèvent parfois carrément du génie pictural. On pense notamment à ce passage ou la convoi de Max et de Furiosa traverse un paysage mortifère peuplé d'étranges échassiers après une tempête aux proportions bibliques...
Tous ces éléments participent à la création d'un opéra baroque, démesuré, parcouru de visions dantesques (ces véhicules, ces costumes....cette nom de dieu de guitare lance flammes !), emprunt de la même folie que ses personnages et qui réussit l'exploit de réinventer une mythologie pompée jusqu'à la moelle pendant plus de 30 ans de Ken le Survivant en passant par 2Pac !
Car Miller réussit à faire du neuf avec du vieux et si la filiation entre Fury Road et Mad Max 2 : le défi est évidente, le cinéaste se renouvelle notamment à travers le traitement de son héros réduit à ses instincts primaires voir carrément à sa nature d'être de chair et de sang (cf.le "globulard").
Véritable brute sociopathe, traumatisée par son passé et campée par un Tom Hardy monolithique (rassurez vous, il n'a rien à envier à Mel Gibson en terme de charisme), Max traverse le récit comme Clint Eastwood dans ses plus grands Western et est souvent mis en retrait au profit d'une galerie de personnages terriblement attachants et iconiques comme le "warboy" Nux et surtout comme Furiosa, superbe Valkyrie incarnée par une Charlize Theron habitée et dont la caractérisation (et celles des autres personnages féminins) sert un propos féministe (oui, oui !) assumé et fièrement revendiqué.
A l'arrivée, on sort de la séance épuisé (pour chipoter, on dira que certains pourront voir le rythme effréné du film comme un défaut), avec les sens en ébullition mais heureux grâce à un film qui redonne foi dans la capacité de création du cinéma américain même si d'aucun rappelleront à juste titre que Mad Max est avant tout australien et que cela à tout à voir avec le ton iconoclaste de la saga.
Pour ceux qui veulent de l'entertainment et des blagues de cours de récré il y a Avengers 2 mais pour ceux qui veulent du vrai cinéma, adulte, racé, violent et beau tout simplement : il y a Mad Max : Fury Road ! Sinon, je vous ai dis qu'il y a une putain de guitare qui crache des flammes ?