Au début des années 2000, j'ai eu l'opportunité de découvrir durant mon enfance et avec innocence, la saga culte du western motorisé : Mad Max, réalisé par George Miller. Considéré pour la plupart, comme une oeuvre pionnière dans la représentation d'un monde post-apocalyptique, la saga à donc indéniablement marquée une trace indélébile dans un coin de nos esprits, créant ainsi un sentiment de nostalgie à chaque visionnage (pour certains d’entre nous en tous cas).
Puis l'idée de dépoussiérer la saga à germé dans le propre esprit de George Miller, et ceci depuis 1997. La stimulation et la création frénétique de ses neurones s'est donc amplifié au jour le jour, se faisant de plus en plus intense, jusqu'à que le cinéaste revienne avec un 4e opus annoncé comme une véritable suite mais aussi un reboot (je ne sais pas comment le définir réellement) = Mad Max: Fury Road.


Le projet résulte d'une envie irrésistible de la part de son créateur. Il aura fallu 30 ans après l'insatisfaisant Mad Max: Beyond Thunderdome avant que ce projet ne puisse voir le jour notamment dû à des difficultés et à des reports de tournage durant la production du film. Il faut également avouer que le pari était risqué de redonner vie à l'anti-héros mythique et solitaire qu'est Max Rockatansky. On y croyait pas ou très peu, surtout au vu de la qualité médiocre de certaines suites incessantes des plus grandes sagas cinématographiques (telle que la trilogie Die Hard qui avait réinventé le cinéma d'action à l'époque, ou la trilogie Indiana Jones dans le genre aventure).


Mais Mad Max: Fury Road ne suit pas la même trajectoire que ces anciennes sagas cultes. D'ailleurs elle ne suit même pas les codes préétablies par les gros blockbusters de nos jours. Elle s'en détache, elle les balaye d'un revers de la main.
Ici, le cinéaste souhaite une fois de plus, nous faire immerger de manière sensorielle, dans ce monde post-apocalyptique. De nous faire projeter dans un futur dystopique effrayant et déshumanisant, où l'absence d'un système et l'effondrement d'une économie mondiale en reviendraient à se projeter dans notre passé historique et millénaire. Ici, les êtres humains se contentent de survivre en ayant plus aucune dignité. Là où la moralité, l'empathie, la compassion et la gentillesse ont disparues.


Ce souhait fait par le réalisateur s'inscrit dans un scénario simple et limpide, tout ayant une forme et un fond. En effet, le cinéaste vient aborder en profondeur des thématiques qui jusque là, ont été à peine (ou pas du tout) entrevues dans la trilogie précédente.


Le cinéaste a mûrement réfléchit sur les thématiques que pourraient aborder ce nouvel opus cinématographique. On peut parler notamment de cette perception portée sur la conservation des ressources naturelles. Mais le plus intriguant, est de voir cette réelle volonté de sonder toutes les facettes de l'être humain et donc d'explorer les sombres recoins de la personnalité. On peut parler notamment des thématiques portées sur le l'endoctrinement et le recrutement des personnes se posant des questions sur le sens de leur vie, ou de la reflexion mûrement établie par le cinéaste sur le féminisme (qui a une place véritablement importante et intégrante dans ce long métrage).


Par conséquent, on peut voir que George Miller à donc fait le choix délibéré de revenir avec nostalgie dans l'essence même du cinéma. C'est à dire de raconter une histoire pleine de nuance et faire évoluer ses personnages dans un contexte bien particulier et bien défini. S'exprimant donc à travers le déroulement et le mouvement des images qui se succèdent les unes après les autres et ceux-ci, notamment grâce à une mise en scène et un montage maîtrisés dans les moindres détails. Laissant s'exprimer les profonds sentiments et les non-dits qui vont au-delà des paroles et des dialogues complexes.


Pour parler des protagonistes, Mel Gibson à laissé sa place à Tom Hardy. Ce dernier à vite compris qu'il n'était pas nécéssaire de rivaliser et de se réapproprier le personnage mythique qu'à créé Mel Gibson mais de le réinterpréter et de le faire correspondre à la nouvelle histoire établie par le cinéaste. C'est pourquoi Tom Hardy a insufflé une nouvelle facette expérimentale à son personnage. Un Max Rockatansky plus torturé, plus psychologique mais surtout plus vulnérable et mutique laissant donc avec ingéniosité, l'honneur aux dames et plus précisément à son alter ego féminine : l'impératrice Furiosa. Oui, c'est bien l'actrice Charlize Theron qui nous marque le plus et qu'on a déjà remarqué pour son rôle dans Monster réalisé par Patty Jenkins en 2003. Au delà de ce que fait son personnage au look androgyne et au crâne rasé nous faisant rappeler sans nul doute, Sigourney Weaver dans Alien 3 de David Fincher, Charlize Theron nous impressionne juste par le degré de détails qu’elle arrive à insuffler dans son rôle, d'apporter par un simple regard, un vécu authentique qui n'est alors pas présent dans le scénario. Les autres personnages sont également très bon notamment un Nicholas Hoult méconnaissable, mais aussi le plaisir de revoir l'acteur Hugh Keays-Byrne qui incarne ici l'imposant et charismatique Immortan Joe. (et qui incarnait déjà un adversaire de taille pour Max Rockatansky : Le Chirurgien dans le premier Mad Max du nom en 1979).


Par ailleurs, parlons plus en détail de la réalisation. Mad Max: Fury Road porte bien son nom. Ici, le metteur en scène arrive à puiser et à déployer toute l'énergie accumulé durant ces 30 longues années. Devant nos yeux ébahis et pleine de nostalgies (en tout cas pour certains d’entre nous), George Miller orchestre avec maestro et à la perfection une course poursuite de 120 minutes où la furie et la frénésie se complète harmonieusement bien avec l'aspect corrosif de l'environnement et plus précisément de cette terre en désolation.
D'une certaine manière, George Miller a magistralement réussi à capter l'essence même de sa propre saga, à restituer et à libérer la conception même de Mad Max dans toute sa splendeur. Un seul mot : GRANDIOSE. On ne peut que le saluer mais aussi saluer et respecter toute l'équipe dérrière qui a réussi à rendre vie ce film.
Je parle notamment de l'équipe technique qui a cette fois-ci, bénéficier d'une avancée technologique importante pour rendre les scénes d'action bien plus intense, nerveuse et spectaculaire que les précédent films, tout en préconisant de manière minime les effets de CGI. Un véritable vent de fraicheur de regarder de l'authentique et du numérique s'allier mécaniquement dans cet enfer apocalyptique.
Je parle notamment de l'équipe artistique en générale qui ont fait preuve de beaucoup d'inventivité dans la réalisation des costumes, du maquillage, des objets, des voitures puissant évoquer cet aspect "ancien" de notre civilisation humanisé


(merci pour ce petit clin d'oeil fait à Mad Max 2: The Road Warrior avec la veste en cuire ou la voiture, ou même la petite boîte à musique, j'ai versé des petites larmes de joie).


Je parle aussi du chef opérateur John Seale qui a juste fait un travail remarquable et sensationnel. Réussissant à nous captiver devant ces paysages désertiques et sableuses grâce à sa photographie très contemplative.


Tous ceux-ci sont en parfaite harmonie et par ailleurs, accompagnés d'une excellente plate bande musicale et originale composée par Tom Holkenborg alias Junkie XL. Nous délivrant ainsi des sonorités névrosés et des riffs au souffle épique en parfaite accord avec cette course poursuite hystérique.


En conclusion, après avoir durablement réencodé la façon de filmer une course poursuite éffrénée et d'avoir installé la saga Mad Max au rend de référence avec son univers post-apocalyptique, le cinéaste George Miller (malgré une filmographie irrégulière) prouve du haut de ses 70 ans qu'il n'a rien perdu de sa fougue, qu'il a encore de l'énergie à revendre, et veut marquer une fois de plus nos esprits avec Mad Max: Fury Road. Soyez Témoins !

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le 22 mai 2015

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